Le procureur général a exigé d'eux de respecter les horaires de travail et de rattraper un retard de plus de 1200 actes et décisions, non encore établis. Les greffiers près le tribunal d'Oran ont entamé, hier, leur deuxième journée de grève suivie d'un sit-in devant le palais de justice pour protester contre ce qu'ils qualifient de dépassement et d'abus d'autorité de la part du nouveau procureur général récemment installé. Ce dernier avait, il y a quelques semaines, exigé des greffiers de respecter les horaires de travail et de rattraper un retard de plus de 1200 actes et décisions, non encore établis. Malgré les décisions rendues par la justice, selon le procureur général, certaines décisions sont en souffrance depuis février 2003. «Des citoyens attendent ces documents, il n'est pas logique de prolonger leur attente», nous a-t-il déclaré avant d'ajouter: «L'administration doit être à la disposition du citoyen et non le contraire.» Certains citoyens que nous avons rencontrés devant le siège du tribunal d'Oran approuvent la décision du procureur général de mettre de l'ordre dans cette administration. Des greffiers, que nous avons contactés devant le palais de justice, soutiennent que leur mouvement a été suivi à près de 100%, ce qui a perturbé, durant une bonne partie de la matinée du samedi, le fonctionnement des services de la cour d'Oran et de ses annexes. Pour rappel, il y a quelques jours, le procureur général avait prononcé la suspension de 21 employés, dont des greffiers, par me-sure disciplinaire. «Il est inconcevable, nous dira le procureur général, que des individus censés servir le citoyen se prélassent dans des cafés au moment où des files de justiciables se forment devant les guichets et les bureaux. La justice est une administration de souveraineté. Elle doit être au service des citoyens.» Des citoyens de passage devant le tribunal pensent que le bras de fer, actuellement engagé, pourrait être une forme de pression exercée par certaines forces occultes pour «gagner» la docilité du nouveau procureur général, connu pour sa fermeté et son exigence d'un strict respect de la discipline. «Allez voir du côté du salon de thé, en face du tribunal et vous verrez des greffiers et des employés pendant les horaires de travail», affirme un citoyen. De leur côté, les greffiers exigent la réintégration de leurs collègues et le départ du procureur général. Ils soutiennent que les mesures de suspension prises à l'encontre de leurs camarades sont arbitraires. Il est à signaler qu'hier, malgré le mouvement de grève, toutes les audiences ont été assurées sans aucun problème, et le service des casiers judiciaires a commencé à fonctionner à partir de 13h. Pour le moment, la majorité des greffiers n'ont pas repris le travail et promettent de durcir leur mouvement de protestation si les mesures prises par le nouveau procureur général ne sont pas levées.