Le retrait de confiance de gros clients a entraîné une fuite d'au moins 300 millions de dollars au profit de filiales Algérie de banques françaises. Seules de faibles sommes ont été récupérées après les détournements massifs enregistrés dans ces banques publiques. Des banques publiques paient, aujourd'hui, le prix fort des scandales qui se sont produits sur la place. Les trous d'environ 50 milliards de dinars à la BNA et à la Badr ont laissé de graves séquelles, a-t-on appris de source bancaire sûre. Ces établissements ont enregistré la fuite de gros clients : au moins 300 millions de dollars ont été retirés d'une banque, à la suite de ces scandales, au profit des filiales Algérie des banques françaises, révèle la même source. La Badr connaît actuellement de sérieuses difficultés. “La Badr a arrêté l'octroi de crédits. L'escompte de chèque et d'effet a été supprimé, y compris pour les clients solvables. Le bénéfice a été annulé. Des agences, notamment des banques assises, ont été fermées. La banque a été contrainte de fusionner des agences. Il y a des risques de suppression d'emplois, en un mot, de compression d'effectifs, d'où l'inquiétude du syndicat de la banque”, ajoute notre source. Sur plus de 2 000 milliards de centimes détournés, l'une des banques publiques concernée par le scandale n'a récupéré aujourd'hui que 20 à 30 milliards de centimes soit 1% de l'argent détourné, confie la même source. Même topo pour l'argent placé sur le marché monétaire au profit d'El Khalifa Bank. “La Badr a placé 9 milliards de dinars, la BDL 4 milliards, la BEA 11 milliards de dinars”, nous indique une autre source sûre. Ces trois banques n'ont quasiment pas récupéré ces 23 milliards de dinars, effet du scandale Khalifa dont les grosses traces n'ont pas, loin s'en faut, disparu. Ce sont des créances irrécouvrables, lance un expert bancaire. C'est une grande escroquerie. Ce sont des fonds, allusion à l'argent placé sur le marché monétaire, remboursables à court terme. Or, entre-temps, la Banque d'Algérie a prononcé le retrait d'agrément et la liquidation d'El Khalifa Bank. C'était devenu un problème de liquidation. Après des mois de travaux, le liquidateur avait fini par avertir : “Il ne faut pas s'attendre à ce que les actifs récupérés remboursent tous les déposants.” Autrement dit, les biens mobiliers et immobiliers de Khalifa ne rapportent pas grand-chose. Tout ou presque était loué. Le fonds de garantie des banques ne peut rembourser que les particuliers à raison seulement de 600 000 dinars. Autrement dit, le liquidateur ne peut rembourser les gros clients. Il s'ensuit que ces trois banques ont essuyé une grosse perte. Conséquence : elles ont été obligées de provisionner pour ces créances sans doute irrécouvrables, effet du scandale Khalifa. C'est autant d'argent qui, au lieu de servir à financer des investissements productifs créateurs d'emplois, se trouve gelé. À ces trous s'ajoutent les créances non performantes. En clair, de gros et petits clients n'arrivent pas à rembourser les prêts. Elles sont estimées entre 3 à 4 milliards de dollars. Ces fuites de fonds sont autant d'argent qui aurait pu servir à des prêts aux particuliers et aux investisseurs. L'état se trouve contraint d'assainir ces banques, de les recapitaliser pour qu'elles puissent redémarrer de façon saine leur fonction d'octroi de crédits. Il convient de rappeler que les scandales trouvent leur source dans les insuffisances du contrôle interne des banques. Il faut aussi y voir les injonctions. Des cadres et responsables reçoivent par coup de téléphone l'ordre de donner du crédit à untel et de n'en pas donner à tel autre, sur la base d'aucune analyse du dossier, de la solvabilité et crédibilité du promoteur du projet. Il faut y voir enfin dans ces scandales la corruption qui s'est étendue à certaines agences bancaires. N. Ryad