L'accord militaire signé le 10 mars dernier, à la faveur de la visite du président Vladimir Poutine à Alger, semble inquiéter les pays européens. À en croire le quotidien français Le Monde dans son édition du 21 mars, qui cite des spécialistes de la région, “l'accord Moscou-Alger met en cause l'équilibre au Maghreb” . L'Algérie a décidé, selon les termes du contrat divulgués lors de la visite de Poutine, d'acquérir auprès de la Russie quarante avions de combat Mig-29 et vingt-huit chasseurs Soukhoï-30, ainsi que seize avions d'entraînement Yak-130, une quarantaine de blindés, huit systèmes de missiles sol-air S-300 PMU. Le “renforcement militaire” algérien suscite maintes interrogations et spéculations. “Encore ne s'agit-il que de la partie officielle de l'accord algéro-russe”, avance Le Monde. Selon des sources diplomatiques citées par le journal français, la Russie envisage de vendre trente Mig-29 supplémentaires à l'Algérie dans les années à venir. “Alger pourrait donc, à terme, posséder une centaine d'avions de combat de dernière génération”, précise Le Monde. La crainte même d'un surarmement de l'Algérie n'est pas loin d'être brandie. D'autant qu'aucun autre pays au Maghreb ne possède, selon le journal français, une aviation susceptible de “rivaliser” avec des avions tels que les Mig-29 et les Soukhoi-30. Le réchauffement des relations entre les deux partenaires historiques que sont la Russie et l'Algérie au niveau civil et énergétique ne plaît pas non plus aux pays européens. “Les pays européens les plus vulnérables en matière d'approvisionnement en gaz, comme l'Italie, s'inquiètent de ces projets et redoutent la naissance d'un cartel de fait algéro-russe”, indique le quotidien. Certes, beaucoup d'encre a coulé sur la décision de l'Algérie d'acquérir auprès de la Russie un armement de pointe. Pour autant, nul n'avait remis, à ce sujet, en question “l'équilibre stratégique au Maghreb”. En d'autres termes, la mise à niveau et le renouvellement de l'armement de l'ANP a de quoi inquiéter le Maroc de Mohammed VI et la Libye de Mu'ammar al-Kadhafi. Alger n'avait pas caché son intention, depuis 1999, de mener à bien la professionnalisation de l'armée. Et ce, tant au plan humain que matériel. La lutte internationale contre le terrorisme, l'intégration de l'Algérie au dialogue méditerranéen avec l'Alliance atlantique, l'implication de l'ANP dans la sécurisation du sud de la Méditerranée, en sont autant de raisons. Maintes délégations officielles ont défilé à Alger ces dernières années en vue de conclure des accords aussi importants que celui conclu avec Moscou. Américains, Français, Sud-Africains, Brésiliens et bien d'autres encore ont suivi avec beaucoup d'intérêts les efforts menés par l'Algérie en ce sens. L'on évoquait même, lors de la visite de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense français, l'acquisition d'avions militaires de type Rafale. L'essentiel de l'équipement militaire algérien est toutefois d'origine russe. Les hommes ont également été formés sur ce type d'équipement. Selon Sergueï Tchemezov, le patron de la société d'armement publique russe Rosoboronexport, près de 10% du montant du contrat signé entre Alger et Moscou, consistent en une mise à niveau et en une réparation d'équipement acheté à l'Union soviétique par le passé. Il n'est pas étonnant donc qu'Alger ait opté finalement pour son partenaire de l'ex-Union soviétique. Samar Smati