Son département estime le nombre d'abonnés inconnus à 600 000 et le taux de fuites à 53%. “Il n'a jamais été question d'augmentation du prix de l'eau”, du moins dans l'immédiat, a déclaré, hier, le ministre des Ressources en eau, invité du forum du journal El Moudjahid. Mais, souligne-t-il, son département prépare actuellement un nouveau système de tarification qui puisse faire la différence entre “les petits et les gros consommateurs” de cette précieuse ressource. Pour Abdelmadjid Attar, “il faut faire payer, progressivement, l'eau à ceux qui en consomment beaucoup”. Le dossier technique, pour mettre en œuvre “des solutions adaptées de tarification de l'eau”, est quasiment finalisé. Une nouvelle grille sera mise en place, mais ne sera effective qu'à partir de 2004. Le ministre des Ressources en eau affirme que les barrages ont reçu quelque 2,48 milliards de m3 d'eau, soit plus de 50% de déficit. “C'est une année exceptionnelle en terme de pluviométrie”, a-t-il dit. Seulement, précise-t-il, l'alimentation en eau potable est assurée à 70% par les nappes et 30% par les barrages. Du coup, les nappes se retrouvent surexploitées. Pour Abdelmadjid Attar, “25 ans de sécheresse chronique, avec une année 2002 particulièrement aride, ont eu des conséquences telles que, malgré une pluviométrie actuelle salvatrice, c'est un véritable plan Marshal qu'il faudrait mettre en place pour en réparer les dégâts”. Les réponses apportées, nonobstant les plans d'urgence, n'ont pas été très consistantes. Attar explique ces insuffisances par la faiblesse des infrastructures de mobilisation et de transferts et des retards considérables accusés dans leur réalisation. Le ministre des Ressources en eau affirme que l'Algérie dispose actuellement de 50 barrages, sans compter les retenues collinaires d'une capacité globale de 5 milliards de m3. 10% à 15% sont envasés, soit environ 500 000 m3 de vase. L'objectif est d'atteindre, en 2020, 100 barrages d'une capacité de 10 milliards de m3. Par ailleurs, le ministre déclare que des pertes considérables sont enregistrés dans les réseaux de distribution. Attar parle d'un taux de 53%. Ce sont 500 millions de m3. 27% de pertes sont enregistrés sur les grandes conduites, 14% au niveau du réseau d'alimentation en eau potable et 12% des pertes commerciales. Ces dernières résultent en fait des vols d'eau, des piratages de conduites et d'attitudes inciviques. Attar estime le nombre d'abonnés inconnus à 600 000. Rien qu'à Alger, ce nombre est de 107 000. D'ailleurs, samedi, le Conseil des ministres avait entendu une communication relative au projet de protocole d'accord portant sur le diagnostic de la situation du réseau de distribution de l'eau dans les wilayas d'Alger, Boumerdès et Tipasa, passé entre l'Algérienne des eaux et l'Office national d'assainissement, d'une part, et un opérateur étranger, d'autre part. Attar affirme que le partenaire étranger en question est une filiale de la Lyonnaise des eaux. Le projet de protocole d'accord porte sur un diagnostic de l'état du réseau et, par la même, sur le montant de l'investissement pour sa réhabilitation. L'objectif, soutient le ministre, est d'arriver à donner la gestion du réseau d'adduction en eau potable en concession. Pour le ministre, la gestion de la distribution de l'eau en Algérie est restée archaïque et manuelle. Pour Attar, la réhabilitation du réseau devrait être finalisée avant 2007. Le dessalement de l'eau de mer, pour M. Attar, figure parmi les meilleures alternatives, d'autant que les coûts de production ont tendance à baisser (0,6 dollar/m3 actuellement contre 1 dollar ces dernières années). Au moins, 28 villes ou zones du nord du pays peuvent être alimentées en eau dessalée, selon les prévisions, qui tablent sur une production journalière de 1 million à l'horizon 2005. M. R.