Le développement local et le désenclavement des zones déshéritées sont restés jusque-là l'apanage des pouvoirs publics. La société civile est-elle en mesure de participer à de tels programmes ? Les associations sont-elles une force de propositions ? Décidément, le développement des zones déshéritées n'est pas seulement du ressort des pouvoirs publics. La société civile peut si bien investir ce terrain pour peu qu'elle s'organise et inscrive ses actions dans ce qui est appelé communément le “développement durable”. C'est dans cette perspective qu'est née récemment l'Association continuité pour le développement durable (ACDD), dans la wilaya de Biskra. Sa création, la première en son genre dans toute la wilaya des Ziban, s'inscrit dans l'ambition de créer une dynamique de développement à même de réhabiliter les régions défavorisées. Selon son président, l'idée de lancer cette association fait suite à l'intérêt grandissant qu'accordent, depuis quelque temps, certains organismes internationaux au développement durable de par le monde. Des subventions conséquentes, à en croire notre interlocuteur, sont allouées aux associations par ces organismes qui établissent chaque année des programmes de soutien destinés à encourager les actions de développement durable dans les zones pauvres. L'association entend ainsi prospecter toutes les voies pour faire bénéficier les populations de ces programmes. “Il faut mettre à profit toutes les ressources des zones déshéritées, en matières d'agriculture, de tourisme, d'histoire… pour engager un développement économique alliant épanouissement social et protection de l'environnement.” Pour réaliser ses premiers objectifs, l'association a choisi l'Ahmar Kheddou, une région située au nord-est du chef-lieu de la wilaya. À ce propos, l'ACDD prévoit des actions concrètes pour désenclaver cette grande zone au passé glorieux pendant la guerre de Libération. Des études seront réalisées pour y lancer des réseaux routiers à même de soustraire de l'oubli de nombreux douars, tels Oulach, El-Hammam, Kebach et Laloula. Interrogé sur les moyens de réaliser à court terme de telles ambitions, le président de l'ACDD précise : “L'association, en attendant les aides, se veut aujourd'hui une force de propositions et surtout un acteur réel dans le développement durable dans notre wilaya.” Au-delà des objectifs, “notre tâche, ajoute-t-il, consiste à contribuer un tant soit peu à remettre sur les rails le mouvement associatif pour qu'il retrouve sa mission initiale, puisqu'il est impensable que celui-ci continue, en 2006, à faire dans la folklorisation.” Salim Guettouchi