Dans la commune d'Aït Yahia Moussa (28 km au sud-ouest de Tizi Ouzou), l'une des municipalités les plus déshéritées de la wilaya, il reste beaucoup à faire, malgré des réalisations déjà accomplies, notamment dans le domaine de l'éducation, puisque la majorité des villages et hameaux de cette commune ont leurs écoles primaires. Des grappes entières de villages sont toujours dans l'enclavement, à l'image de Chérifi, Virrou, Aït Sidi Ali, Hellil et bien d'autres encore sur le versant ouest de la commune. Ce sont des villages qui se situent à plus de 15 km du chef-lieu de l'oued Ksari et à quelques jets de pierre du massif forestier de Sidi Ali Bounab. Leur vulnérable situation dans cette zone en matière de sécurité a poussé des familles entières à abandonner le peu de biens qu'elles y possèdent pour aller s'installer en des coins qu'elles trouvent plus “paisibles”. Enclavés dans cette zone infectée de groupes armés depuis l'avènement du terrorisme, nos villageois sont restés ainsi en marge des programmes communaux de développement, si bien qu'aujourd'hui les autorités réfléchissent au moyen de faire revenir les familles ayant fui leurs terres en proposant des solutions comme l'inscription de petits projets de pistes, d'unités de soins, d'assainissement, d'éclairage public et autres logements ruraux. Néanmoins, ce type de développement ne peut être concrétisé que si ces villageois optent pour le Programme de proximité et de développement rural intégré (PPDRI). Ainsi, on apprend que le comité de daïra chargé de l'application de ce programme a choisi ces villages pour les faire bénéficier du projet. “C'est une région enclavée. En plus du terrorisme qui avait sévi durant toute cette dernière décennie, il y a aussi la pauvreté qui bat son plein. Les familles qui demeurent toujours sur place souffrent le martyre. Je crois qu'avec le PPDRI, beaucoup de problèmes trouveront des solutions. La réalisation d'une cité de logements sera certainement retenue”, indique un élu de l'exécutif communal. Comme à Chérifi, à Virrou, les citoyens de cette commune attendent beaucoup des pouvoirs publics. “Nos jeunes n'arrivent même pas à lancer de petites activités dans quelque domaine que ce soit. Tout d'abord, ils sont confrontés à de nombreuses entraves concernant par exemple l'ANSEJ et ou les autres dispositifs mis en place par l'Etat. Ils ne peuvent pas en bénéficier d'autant qu'ils n'ont pas de locaux. Ceux qui leur sont destinés attendent toujours leur lancement…”, nous dira à ce sujet un membre du mouvement associatif. Cette commune est dépourvue de tout, comme l'illustrent les kyrielles de jeunes qui luttent quotidiennement le long de la rivière longeant la RN25 pour amasser, clandestinement, des monticules de sable qu'ils vendent pour assurer une survie à leurs familles, non sans braver toutes les menaces pesant sur eux. À Aït Moussa, le nombre de chômeurs s'amplifie tellement que certains d'entre eux se mettent à défricher carrément les terres du domaine de la conservation forestière afin de façonner des manches à pelle ou à pioche en vue de les vendre aux marchés hebdomadaires des autres wilayas, tel celui de Sidi Aïssa (Bouira). À Aït Yahia Moussa, l'exil reste le rêve salvateur pour tous les jeunes terrassés du chômage. O. GHILÈS