Les volets militaire et économique devraient être au premier plan des discussions préparatoires à la visite d'Etat que le Président doit effectuer à l'occasion du IIIe Sommet du forum Chine-Afrique à Pékin. Mohamed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, effectuera, du 27 au 30 mars, une visite de travail en République populaire de Chine à l'invitation de son homologue chinois, Li Zhaoxing, a annoncé, hier, un communiqué du ministère des affaires étrangères. Avec son vis-à-vis chinois, le patron de la diplomatie algérienne aura des “entretiens approfondis” sur “les voies et moyens de renforcer davantage la coopération bilatérale ainsi que sur les questions internationales d'intérêt commun”. Il sera aussi reçu en audience par les hauts responsables chinois. En “éclaireur”, M. Bedjaoui aura ainsi pour tâche de défricher le terrain au président Abdelaziz Bouteflika qui compte faire prochainement une visite d'Etat en Chine et participer au IIIe sommet du forum Chine-Afrique à Pékin. Avec les chinois, M. Bedjaoui aura certainement à arrêter la date de cette deuxième visite à l'étranger du président Bouteflika, qui fait suite à celle de son homologue chinois, Hu Jintao, en Algérie en février 2004. Le déplacement chinois de M. Bedjaoui, note le communiqué du ministère des affaires étrangères, intervient à un moment où “les relations entre l'Algérie et la Chine connaissent une dynamique qualitative au double plan politique et économique”. Sur le plan politique, les algériens ont eu de tout temps une coopération privilégiée avec la Chine, un allié traditionnel. Ces dernières années, les relations entre les deux pays se sont distinguées par “des contacts politiques et diplomatiques “réguliers” à un haut niveau”. Comme une cerise sur le gâteau, la visite de Hu Jintao à Alger était couronnée par la signature de cinq accords de coopération (un accord-cadre de coopération dans le domaine des hydrocarbures, un accord de coopération économique et technique, un programme d'exécution des échanges dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche, un accord-cadre sur l'octroi à l'Algérie d'un prêt préférentiel d'environ 48 millions de dollars et un mémorandum d'entente de coopération). À coup sûr, la prochaine visite de Bouteflika en Chine sera sanctionnée par d'autres accords. L'Algérie a d'ailleurs fort à gagner en affermissant les liens historiques qu'elle partage avec une Chine qui, avec sa civilisation millénaire, son poids démographique, son rang de membre permanent de l'ONU et son économie florissante, a tous les attributs d'une superpuissance. Aussi, il est fort à parier que le volet militaire ne sera pas en reste, étant donné que la Chine compte parmi les plus anciens fournisseurs d'équipements militaires de l'Algérie. Mais l'indice le plus sérieux est l'audience accordée, le 21 mars, par Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministère de la Défense nationale, à M. Ma Zhigeng, directeur général et président du conseil d'administration du groupement chinois Norinco, en passant en revue les perspectives de la coopération militaire algéro-chinoise. “La Chine continuera à aider les pays africains dans la formation du personnel militaire et les soutient dans leurs efforts de renforcement de la défense nationale de l'armée qui permettent d'assurer leur propre sécurité”, a déclaré, en février 2006, M. Wang Wangshang, ambassadeur de la Chine à Alger. Le clou de la prochaine visite de Bouteflika sera certainement le volet économique qui accaparera une bonne part des discussions qu'il aura avec le président chinois. Jusqu'à fin 2005, les échanges commerciaux entre les 2 pays sont évalués à 1,7 milliard de dollars. La balance est nettement en faveur des chinois qui exportent vers l'Algérie pour plus de 1,4 milliard de dinars et importent pour 350 millions de dollars essentiellement des hydrocarbures. Certainement que les chinois essaieront de trouver des débouchés en Algérie pour leurs entreprises publiques qui ont accusé en 2005 un déficit record de près de 13 milliards de dollars. Mais ce qui les intéresse le plus, c'est le domaine des hydrocarbures. Les grandes sociétés chinoises Sinopec et CMPC ont certes signé des contrats avec Sonatrach. Mais soucieux de diversifier et sécuriser leur approvisionnement énergétique, pour soutenir leur économie en plein boom, les chinois chercheront certainement à conclure avec Alger d'autres contrats. ARAB CHIH