Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, reprend, aujourd'hui, le chemin de l'Amérique, du Sud cette fois, pour y effectuer une visite officielle en république fédérative du Brésil, qui s'étalera jusqu'au 20 de ce mois, selon les termes du communiqué des affaires étrangères. Le principe étant arrêté lors de la visite, en février dernier, du président brésilien, Luiz Inacio Lula Da Silva, ce déplacement de Mohamed Bedjaoui vise, en premier lieu, à préparer celui du président de la République dans le cadre d'une visite d'Etat qui devrait sceller les retrouvailles entre deux pays éloignés par la distance, mais unis dans leurs ambitions. En effet, il faut savoir que le président Bouteflika a accepté officiellement l'invitation de son homologue Lula de se rendre au Brésil. Dans le communiqué commun signé au terme de la visite de ce dernier en Algérie, il a été noté que l'invitation du président du Brésil à M. Bouteflika a été « acceptée avec plaisir » et que la date devrait être fixée par « la voie diplomatique ». Il est donc clair que la mission de M. Bedjaoui, au-delà des entretiens qu'il aura avec son homologue du Brésil et d'autres hauts responsables, consiste à baliser le terrain à M. Bouteflika, dont la visite d'Etat devrait être couronnée par la signature d'autres contrats de coopération. Pour cause, M. Bedjaoui et son hôte Celso Luiz Nunes Amorim auront à présider les travaux de la commission mixte de coopération économique, commerciale, scientifique, technique et culturelle, comme le souligne le communiqué des affaires étrangères. Il s'agira, pour lui, de passer en revue les différents secteurs et domaines à même de faire l'objet d'accords et de contrats devant être ratifiés par les deux chefs d'Etat. On rappellera utilement que la visite de M. Lula a été ponctuée par la signature de quatre accords. Il est question de la coopération dans le domaine phytosanitaire, de la santé animale et de l'exemption de visas en faveur des nationaux détenteurs de passeports diplomatiques ou de service. Aussi, le secteur de l'énergie a vu le paraphe d'un accord portant sur la conclusion des négociations avec le Brésil, des négociations pour l'entrée de l'Algérie à l'OMC. Les deux chefs d'Etat n'ont pas manqué, d'ailleurs, de noter leur satisfaction de ce que les échanges entre les deux pays ont connu un bond de 100% entre 2003 et 2004, passant ainsi de 1,2 à 2,3 milliards de dollars. Au plan politique, MM. Bouteflika et Lula Da Silva ont relevé l'ample gamme de positions concordantes des deux pays. Et pour donner corps à cette parfaite symbiose entre les deux pays, M. Bouteflika a incité les entreprises brésiliennes, à l'occasion d'un dîner offert à son invité, à s'installer en Algérie pour investir dans des secteurs aussi variés que l'agriculture, l'énergie, les télécommunications et le bâtiment notamment. En l'occurrence, la visite de M. Bedjaoui devrait défricher le terrain à d'éventuels engagements concrets des opérateurs de ce pays, d'autant plus que le président Lula considère l'Algérie comme un « partenaire stratégique du Brésil sur le continent africain ». La coopération militaire n'est pas en reste puisque le Brésil est connu pour être un pays producteur d'équipements et de technologies dans ce domaine. Le général Mourra Barréto, qui est également un haut responsable au département de la défense brésilienne, avait déclaré récemment que son pays allait proposer des systèmes de surveillance, des avions et d'autres équipements militaires à l'Algérie. Bien qu'officiellement, rien n'a filtré à ce sujet, la visite annoncée de M. Bouteflika au Brésil pourrait être couronnée par la signature de contrats d'achat d'armes qui ne sont pas prévus dans les mégacontrats signés avec la Russie. Aussi, les deux pays semblent-ils avoir compris que toute cette panoplie de projets passe impérativement par l'ouverture d'une liaison aérienne entre Alger et Brasilia, mais également d'une ligne maritime. « On ne doit pas passer par l'Europe pour se rendre en Algérie. » Cette déclaration de Fernando Furlan, ministre brésilien du Développement, de l'Industrie et du Commerce extérieur, traduit parfaitement ce souci. Sur un autre plan, l'Algérie et le Brésil planchent sur un deuxième sommet Amérique latine-pays arabe, après le succès du premier organisé à Brasilia en mai 2005. Ce rendez-vous devrait se tenir cette fois dans l'un des pays arabes concernés. Et le Brésil fait de l'Algérie un Etat pivot dans cette perspective.