Cette visite, si elle vient ponctuer une série de déplacements de hauts responsables américains à Alger, notamment le secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, et le patron du FBI, Robert Mueller, elle n'en est pas moins le signe d'une montée en puissance du niveau de représentation dans les visites officielles entre les deux pays. Fait sans aucun doute illustratif de l'essor que connaissent actuellement les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis dans plusieurs domaines, notamment sécuritaire et économique, le patron de la diplomatie algérienne, M. Mohamed Bedjaoui, devrait se rendre prochainement à Washington dans le cadre d'une visite officielle, la première du genre pour un ministre algérien des Affaires étrangères depuis l'Indépendance. C'est ce que nous avons appris, hier, de sources informées. Après le long voyage qui l'a mené en Chine pour préparer la visite que devra effectuer dans l'empire du Milieu le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, ainsi que sa participation au 1er sommet Chine-Afrique, prévu les 4 et 5 novembre de l'année en cours, le ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères était hier à Paris où il a pris part à un colloque international sur le partenariat euroméditerranéen. Certes, la diplomatie algérienne a gagné depuis longtemps ses lettres de noblesse dans un monde en éternelle ébullition et où il n'est jamais facile d'imposer ses points de vue, mais le fait d'apprendre que, malgré ce degré de dynamisme, aucun ministre des Affaires étrangères algérien ne s'est, jusqu'à présent, rendu dans le pays de l'Oncle Sam pour une visite officielle, la chose prend l'allure d'un paradoxe qu'il est difficile d'expliquer. Aujourd'hui, les choses semblent avoir énormément changé. Le 11 septembre est bien évidemment passé par là. Il a aidé les Américains à voir plus clair dans le très sensible dossier du terrorisme. Cela a eu pour conséquence de rapprocher Alger et Washington dont les rapports vont de jour en jour en s'améliorant comme le démontre cette visite annoncée du chef de la diplomatie algérienne aux USA. Cette visite, si elle vient ponctuer une série de déplacements de hauts responsables américains à Alger, dont le secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, et le patron du FBI, Robert Mueller, elle n'en est pas moins le signe d'une montée en puissance du niveau de représentation dans les visites officielles entre les deux pays. Mais au bout, cette amélioration qualitative n'est-elle pas annonciatrice d'autres déplacements dans la région de responsables américains de rangs encore plus importants ? Pourrions-nous aller jusqu'à parler de visites d'Etat ? Bien que, pour le moment il soit difficile, sinon prématuré, de le dire, il n'est pas à écarter, dans les mois à venir, de voir arriver à Alger la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Condoleezza Rice. Signe peut-être révélateur, cette dernière s'est rendue depuis le début de l'année en cours dans plusieurs régions du monde (Irak, Afghanistan, Inde, Pakistan, Egypte, Arabie Saoudite, Liban, Emirats arabes unis, Amérique latine, Afrique et Europe) et seuls manquent à l'appel quelques pays dont l'Algérie. Le séjour, le mois dernier, à Alger de David Welch, sous-secrétaire d'Etat américain pour le Proche-Orient, constitue probablement un prélude à des échanges de haut niveau entre les deux pays. C'est dire que, selon toute vraisemblance, la volonté politique des dirigeants des deux pays d'aller vers des rapports privilégiés de partenariat a pu venir à bout de toutes les réticences qui pouvaient se dresser devant un tel projet. Et il n'est un secret pour personne que cela ne pouvait se concrétiser sans une action dynamique de la diplomatie algérienne sur laquelle pesait la grosse charge de remettre le pays à sa place sur la scène internationale après plus d'une décennie d'embargo. Il est clair que la longue et fructueuse expérience du président Bouteflika dans ce volet a pesé énormément. Le retrait des affaires de certains responsables algériens mal vus de l'autre côté de l'Atlantique a ensuite contribué à dégripper une bonne fois pour toutes la machine. De cela avait notamment découlé la visite officielle en mai 2005 à Washington du général major Ahmed Senhadji, alors secrétaire général du ministère de la Défense nationale à la tête d'une importante délégation de l'ANP, visite qui tendait à intensifier le programme de formation des officiers algériens aux Etats-Unis. Et, depuis, les envoyés spéciaux des deux pays ont laissé place à une représentation encore plus prometteuse. Serait-ce le début d'une nouvelle ère dans les rapports entre l'Algérie et les Etats-Unis ? L'Algérie finira-t-elle par lever les derniers préjugés qu'elle traîne afin de redevenir ce partenaire qui compte dans la région, et peut-être même au-delà ? Hamid Saïdani