Le président Abdelaziz Bouteflika a ouvert, hier matin, à Khartoum, le sommet arabe en exhortant ses pairs à accélérer l'intégration arabe en transformant notamment leur région en grande zone de libre-échange. “Si nous voulons rassembler nos capacités et nos potentialités matérielles, techniques et humaines dans un cadre de complémentarité qui nous permette de préserver nos intérêts et d'être partie prenante des évènements qui se déroulent autour de nous, nous devons accélérer l'intégration arabe dans la grande zone de libre-échange”, a notamment déclaré Bouteflika, pour qui la création d'un marché arabe conduira, ipso facto, à l'émergence d'un ensemble homogène, crédible et ayant son mot à dire dans le processus de prise de décision et définition des grands axes des relations économiques internationales et, partant, dans les autres domaines. “Le monde arabe constitue désormais la principale scène où s'opèrent les développements les plus importants et les plus complexes”, devait-il souligner pour mettre en garde ses pairs. Pour étayer ses observations, Bouteflika est revenu sur l'affaire des caricatures danoises pour souligner que ceux qui ont offensé et heurté les sentiments du monde arabo-musulman ont été jusqu'à invoquer la liberté d'expression, interprétant, selon lui, “de la manière la plus vile, un principe noble et donnant le plus mauvais exemple de cette notion de liberté”. Bouteflika devait aborder la question palestinienne sous le prisme des tentatives destinées “à dénaturer le choix” du peuple palestinien à travers des menaces de boycott. Pour le Président, ces menaces de boycott et d'arrêt de tout soutien et assistance, qui ne reposent sur “aucun fondement”, ne peuvent être perçues que comme “sanctions injustifiées à l'encontre d'un peuple qui s'est prononcé en toute liberté”. Bouteflika n'a pas manqué de relever l'impunité dont continue de bénéficier Israël dans sa politique répressive à l'encontre des Palestiniens sans défense. Concernant l'Irak, Bouteflika a lancé un appel au peuple irakien pour resserrer ses rangs afin de mettre “en échec les tentatives qui visent à le diviser”. Il a, en outre, interpellé “instamment” les forces de la coalition internationale qui ont pris la responsabilité d'entrer en Irak, sous prétexte d'améliorer sa situation politique et sociale, à honorer les engagements qu'elles avaient annoncés devant la communauté internationale et le peuple irakien. Bouteflika, qui a exhorté les pays voisins de l'Irak à déployer les efforts nécessaires en vue de garantir aux Irakiens leur cohésion sociale, leur intégrité territoriale et leur souveraineté nationale, fonde beaucoup d'espoir dans les efforts de la Ligue arabe de voir aboutir sa conférence de l'entente irakienne. Enfin, au sujet de la question du Darfour qui concerne directement le pays hôte du 18e sommet de la Ligue arabe, Bouteflika tenait “à saluer les efforts considérables que les dirigeants soudanais n'ont eu de cesse de déployer en étroite collaboration avec l'Union africaine pour circonscrire la crise dans son cadre régional naturel et en coordination avec les autres parties internationales en vue de trouver la formule idoine pour prendre en charge les impératifs de sécurité et de la paix dans (cette) région et la protection de ses populations”. Le sommet arabe, qui a écourté ses travaux, s'est déroulé en l'absence de nombreux chefs d'Etat. Dix rois et présidents des 22 pays arabes se sont fait représenter soit par leur Premier ministre, soit par leur ministre des Affaires étrangères. D. B.