Après de longues passes d'armes avec les démocrates, les républicains du Sénat américain veulent couper la poire en deux sur la lancinante question de l'émigration en inventant le statut de “travailleur invité” ! Les businessmen républicains ont, eux aussi, applaudi cette décision qui leur permettra d'importer des travailleurs étrangers et de les maintenir dans la précarité et l'insécurité, en toute légalité. Il reste à cette proposition de faire la majorité dans le Sénat où le débat devait commencer en plénière. Pour faire passer la mesure, Washington promet l'ouverture des frontières à quelque 400 000 personnes, se basant sur la demande du patronat, et qui bénéficieront d'un permis de travail temporaire d'une durée de trois ans, leur permettant de résider près de leur lieu de travail avec leur famille. Une exigence des démocrates pour ne pas s'opposer à la loi Bush. Ce permis serait renouvelable une seule fois, à la suite de quoi l'immigré devrait retourner dans son pays. Bush réclame depuis plus de deux ans la création de ce type de statut, qui s'est heurté à de fortes réticences, y compris parmi certains membres de son camp républicain, craignant le tarissement d'une main-d'œuvre à très bas prix. Le président américain n'a cessé de revenir sur la fermeture des frontières depuis le 11 septembre. Sa stratégie en matière d'immigration est simple comme l'eau de roche. Contrôles renforcés aux frontières pour améliorer la sécurité du pays et programme bien cadré de travailleurs temporaires pour répondre aux besoins des businessmen américains. Beaucoup parmi ces derniers ont délocalisé leurs usines le long des frontières avec le Mexique pour permettre à cette main-d'œuvre de résider chez elle. De l'autre côté de la frontière, de nouvelles villes mexicaines ont poussé. Reste le casse-tête des 11 millions de clandestins vivant aux Etats-Unis. Le sénateur républicain Lindsey Graham a expliqué qu'il permettrait également à ces clandestins de régulariser leur situation, tout en refusant fermement d'y voir une amnistie refusée par Bush. Les Républicains précisent que la légalisation des clandestins s'accompagnerait de critères stricts, parmi lesquels un casier judiciaire vierge, le paiement d'arriérés d'impôts et d'amendes, et une bonne maîtrise de la langue anglaise. Les démocrates estiment que ce texte dessine un chemin vers la citoyenneté américaine d'une durée de onze ans. pendant six ans, les immigrés pourront bénéficier du permis de travail nouvellement créé, puis demander une carte de résident permanent (carte verte), puis, au bout de cinq supplémentaires, réclamer leur naturalisation. D. Bouatta