Les derniers sondages donnent les républicains battus lors des élections législatives. George W.Bush a retroussé ses manches. Du Montana à l'Iowa, du Nebraska au Kansas, le président a battu inlassablement la campagne depuis plusieurs jours et s'est affiché aux côtés de candidats républicains en difficulté. Sa mission est aussi claire que compliquée: alors qu'une grande majorité de ses concitoyens espère une sortie du piège irakien, le président, plombé par sa guerre impopulaire, doit tenter de sauver la majorité républicaine au Congrès. Donnés vainqueurs par tous les sondages, les démocrates ont la capacité de rendre la vie de George W.Bush difficile. Premier scénario: après douze ans dans l'opposition, les démocrates remporteraient la majorité à la Chambre des Représentants et au Sénat. Ils ne pourraient pas radicalement changer la politique dictée de la Maison-Blanche. Et devraient conjuguer avec des républicains qui auraient encore assez d'élus pour bloquer leurs initiatives et un président qui possède un droit de veto. En revanche, les démocrates détermineraient l'agenda du Congrès. Ils ont déjà annoncé qu'en cas de victoire, ils organiseront des audiences sur la manière dont le gouvernement Bush a géré la situation en Irak et utilisé les renseignements des services secrets pour déclencher la guerre. Les démocrates veulent aussi se pencher sur les liens entre la Maison-Blanche et la grande industrie dans l'élaboration d'une politique énergétique et environnementale très permissive. Sur la politique irakienne, peu de changements à attendre. Les démocrates sont divisés sur la question d'un retrait des troupes. George W.Bush reste le commandant en chef et il continuera à prendre les décisions en matière de politique étrangère même avec un Congrès démocrate. Avec l'organisation d'audiences parlementaires sur l'Irak, les démocrates ont, en revanche, la capacité de mettre la Maison-Blanche sur la défensive. Ils pourraient aussi bloquer le financement de la guerre. Mais cette option n'est pas sérieusement envisagée car jugée impopulaire auprès d'Américains qui la considéreraient comme un abandon des troupes stationnées en Irak et en Afghanistan. Deuxième scénario: les démocrates remportent la Chambre des Représentants mais pas le Sénat. Cette situation déboucherait probablement sur un recentrage de la politique américaine car les lois ne pourraient être votées que sur la base d'un consensus entre la Chambre des Représentants «démocrate» et le Sénat «républicain». Une victoire simple des démocrates leur permettrait toutefois, de promouvoir leurs priorités au Congrès et de se profiler pour les élections de 2008. Troisième scénario: considéré comme peu probable, l'entourage du président veut y croire. Il assure que les républicains conserveront leur double majorité. Le président pourrait continuer à gouverner avec un Parlement acquis à sa cause comme il l'a fait ces six dernières années. Le contexte est en revanche, radicalement différent de celui qui prévalait au lendemain de sa réélection en 2004. Des parlementaires républicains se sont ouvertement distancés d'une Maison-Blanche qui cherche aujourd'hui une porte de sortie d'Irak. Lors de sa dernière allocution radiophonique hebdomadaire avant les élections des législatives d'aujourd'hui, George W.Bush a parlé, samedi, de sa politique économique. Il n'a, en revanche, pas abordé un sujet qui était, il y a peu de temps encore, l'un des ses principaux arguments de campagne: la guerre contre le terrorisme et surtout l'Irak. Cette omission tranche radicalement avec la teneur de sa dernière allocution radiophonique avant l'élection présidentielle contre John Kerry en 2004. A cette époque, George W.Bush avait utilisé l'Irak et le terrorisme pour se présenter comme l'homme qui pourrait défendre l'Amérique. L'arme irakienne s'est retournée ces derniers mois contre les républicains. Dans ces législatives qui se sont transformées en un référendum sur la politique de George W.Bush, ce sont désormais les démocrates qui parlent d'Irak et les républicains qui tentent de changer de sujet. Selon les sondages publiés ces dernières semaines, seuls 29% des Américains sont satisfaits de la politique irakienne de la Maison-Blanche et 75% pensent qu'un retrait d'Irak est plus probable avec un Congrès contrôlé par les démocrates. Les républicains ont tenté, à la veille du scrutin, un ultime tour de force. Elizabeth Dole, sénatrice républicaine, a accusé les démocrates de se réjouir de la défaite en Irak. Mais cette rhétorique ne semble plus fonctionner auprès d'électeurs confrontés chaque jour aux mauvaises nouvelles d'Irak. Quatre journaux qui couvrent l'actualité de l'armée américaine ont, en outre, demandé, ce week-end, la démission de Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense. Cette campagne, la plus chère de l'histoire des élections législatives de mi-mandat -les deux partis ont dépensé plus de 3 milliards de dollars-, a donné lieu à un barrage d'attaques au-dessous de la ceinture. Les républicains ont tenté de parler d'immigration illégale. Les démocrates leur ont répondu en mentionnant les scandales qui ont éclaboussé des élus conservateurs mais aussi...certains membres de leur propre parti. L'opposition a aussi abordé les problèmes du système de santé américain et souligné sa volonté d'autoriser la recherche sur des cellules souches. Mais Etat après Etat, les démocrates se sont surtout présentés pendant cette campagne comme des anti-Bush.