Les Etats-Unis ont besoin de changements majeurs dans leur système financier afin que les consommateurs soient mieux protégés, les banques renforcées et l'économie à l'abri d'une nouvelle dépression, a estimé samedi le président américain Barack Obama. Dans son allocution hebdomadaire radiodiffusée, et reprise sur Internet, le président a pressé le Congrès d'agir vite pour adopter "des règles de bon sens qui permettront un fonctionnement libre et équitable des marchés tout en freinant les plus mauvaises pratiques de l'industrie financière". Obama, qui impute à l'absence de régulation la crise financière de 2008, a soutenu le projet de loi défendu par le sénateur Christopher Dodd avant un débat programmé lundi devant la commission bancaire du Sénat. "Personne ne nie le besoin d'une réforme. La question à laquelle nous devons répondre est donc très simple: allons-nous tirer les leçons de la crise ou est-ce que nous nous condamnons à la répéter? C'est cela qui est en jeu", a déclaré Obama. Le projet de loi, qui donnerait à la Réserve fédérale la possibilité de démanteler les sociétés menaçant la stabilité du système financier, a franchi plusieurs obstacles devant les commissions du Congrès sans trop d'accrocs, où les démocrates ont suffisamment de voix pour l'adopter sans le soutien des républicains. Mais une fois devant le Sénat, l'arithmétique change, les démocrates ne disposant plus de la majorité qualifiée de 60 sièges nécessaire pour passer outre aux manoeuvres de blocage des républicains. Barack Obama a invité les républicains qui ont déjà travaillé avec Christopher Dodd sur les premières versions du projet à réexaminer leur décision de ne plus voter pour. Il a parallèlement dénoncé les manoeuvres des groupes de pression pour faire avorter la réforme. "J'exhorte ceux qui au Sénat soutiennent cette réforme de rester forts, de résister aux pressions de ceux qui veulent préserver le statu quo, de résister au nom de leurs concitoyens et de leur pays." Au passage, Barack Obama a accusé l'opposition républicaine d'utiliser ce dossier pour s'attirer les faveurs de patrons de grandes banques de Wall Street. "Le chef du parti républicain à la Chambre des représentants a apparemment rencontré un haut dirigeant d'une des plus grandes banques d'Amérique et a fait de l'échec de cette réforme un élément essentiel de la campagne de contributions du parti", a déclaré Obama, ce qu'a démenti un porte-parole de John Boehner. "Une fois encore, les démocrates de Washington lancent des attaques partisanes au lieu d'offrir des solutions", a dit le porte-parole. John Boehner a déclaré cette semaine à plusieurs centaines de banquiers de faire preuve de dureté dans leur lobbying contre la réforme. Dans son allocution, Barack Obama a également fait de l'indépendance d'une agence de défense du consommateur une priorité. Le président américain s'est dit un "ardent défenseur" du libre marché et d'un système financier fort capable d'accorder des prêts aux entreprises et aux particuliers. "Mais", a-t-il ajouté, "ce que nous avons vu au cours des deux dernières années, c'est que sans des règles claires et raisonnables pour contrôler les abus et protéger les familles, les marchés ne fonctionnent pas librement."