Mardi 28 mars, la librairie Chihab internationale a consacré une rencontre littéraire en hommage à Abdelhamid Benzine, autour de l'ouvrage De notre histoire au quotidien, Alger républicain 1989-1994, préfacé par Henri Alleg, paru aux éditions Chihab, mars 2006. Autour de la table des discussions, l'ami de toujours, le compagnon de travail, Mouloud Djazouli, qui fut chargé de compiler, parmi la masse d'éditos, la centaine que comporte ce recueil. La jeune sœur, Zoulikha, moudjahida, incarcérée à Serkadji, puis Brahim Brahimi, l'ami, l'enseignant universitaire, le professionnel des médias. Zoulikha Benzine, sœur du défunt raconte sa méconnaissance, durant sa prime enfance, de ce grand frère dont elle a été séparée d'abord, par la différence d'âge, ensuite par la prison, les camps ou l'exil. “Je n'avais que trois ans lors des manifestations du 8-Mai-1945 à Sétif, alors que Hamid, collégien, y avait participé et avait été emprisonné. Arrêtée moi-même et incarcérée à Serkadji, j'ai entretenu avec mon frère une relation épistolaire, qui a duré longtemps, et dans laquelle il raconte sa vie de réclusion à Lambèse. Hamid était un être exceptionnel, il a épousé une cause et un idéal, c'est pourquoi il n'a jamais eu de vie familiale.” Pourquoi avoir choisi des textes datant de 1989 à 1994 ? Après 25 ans d'interdiction (le journal est suspendu en septembre 1955), ces quelques années ont été marquées par des évènements majeurs dans la vie politique du pays. Premières libertés démocratiques, multipartisme ambigu et liberté de la presse soumise au harcèlement judiciaire. Période durant laquelle ont sévi les actes terroristes occasionnant un chiffre considérable en pertes humaines. Il y a eu aussi l'assassinat de Mohamed Boudiaf, le “père de la Révolution”. Pour parler de Benzine, M. Djazouli estime qu'il lui faudrait des heures, voire des jours… Il évoque son grand ami disparu. Hamid était connu pour son humanisme, il a toujours été près du peuple ; quand on lit le Camp et le Journal de mars, c'est tout lui ! Lorsque le journal a réapparu, le numéro un a été rédigé dans une salle de bains avec l'équipe Alleg, Khalfa et les autres, ceux qui n'ont jamais baissé les bras. A l'époque, nous étions jeunes, nous étions fous… À la joie de l'Indépendance, s'est ajouté cet espoir d'une vie nouvelle. Hamid était disponible, près de nous, avec lui, Alleg et Khalfa, les jeunes journalistes que nous étions, suivions une véritable formation dans une école, dans le sens politique du terme ! Hamid, qui a subi les méfaits du colonialisme, est passé du mouvement national au Parti communiste, car le vêtement nationaliste est devenu pour lui trop petit, trop étriqué. Brahim Brahimi, professeur à l'Institut d'études politiques, est un spécialiste des médias. Il apporte sur la vie de A. Benzine et sur le parcours haché d'Alger républicain, un regard lucide et analytique. Il retrace, en pédagogue, l'itinéraire de l'homme, et du journal étape par étape, de la création d'Alger républicain en 1938 à avril 1994. Doyen des journalistes, Abdelhamid Benzine décède le 6 mars 2003, laissant plusieurs ouvrages en héritage dont la Grande aventure d'Alger républicain (coécrit avec B. Khalfa et H. Alleg, 1990, Dar El Itihad), Lambèse et la Montagne et la Plaine (Anep) Nora Sari