L'espace d'une soirée mémorable et la JS Kabylie aura retrouvé, tout à la fois, son merveilleux public, son jardin préféré du 5-Juillet et surtout sa ferveur africaine, face à une formation zambienne du Zanaco très robuste, souvent rugueuse dans les duels et bien regroupée en défense, mais aussi en zone médiane, les Canaris auront eu le grand mérite de ne jamais s'affoler ni même de se décourager quand bien même le score était affreusement blanc à la pause et ce, malgré une cascade d'occasions de but qui aurait pu changer précocement le cours du jeu. À la manière d'un boxeur qui accule longuement son adversaire dans les cordes, la JSK aura frappé de toutes ses forces, du début jusqu'à la fin de cette farouche empoignade, pour contraindre finalement le onze zambien à poser un genou à terre, puis deux et le contraindre au ko magistral. Et comme pour écrire une nouvelle page d'or de la “JSK africaine”, ils étaient bien quelque 40 000 spectateurs à avoir porté aux nues, durant quatre-vingt dix minutes sans relâche, une formation kabyle transcendée par cette ambiance typiquement méditerranéenne, faite de fumigènes, de couleurs vives et de chants effrénés. “Devant un public aussi extraordinaire, nous nous devons de relever un gros défi et les joueurs se sont comportés en tant qu'hommes pour réussir leur mission et une prestation digne d'éloges”, dira le coach Jean-Yves Chay, visiblement admiratif devant un tel sursaut d'orgueil de ses protégés. “Je suis particulièrement réjoui de cette belle qualification qui ne s'est dessinée qu'en seconde période, mais je crois qu'elle fut largement méritée eu égard à notre domination et notre débauche d'énergie qui ont fini par porter leurs fruits en seconde période, même si j'estime que nous avions réussi quand même une bonne première mi-temps, sans pour autant connaître la même réussite à l'approche des buts”, dira encore Chay qui aura réussi un bon caoching, après les “citrons”, lorsqu'il injecta du sang neuf à son dispositif offensif en incorporant l'expérimenté Raho dans le couloir droit et le meneur de jeu Belhadj Djillali pour accroître la force de frappe de la JSK face à un adversaire progressivement dépassé par la grande variété de manœuvre de l'artillerie kabyle. “C'est vrai que les deux joueurs incorporés en seconde mi-temps, Raho et Belhadj, ont apporté le plus nécessaire pour faire la différence en attaque mais le mérite de toute l'équipe réside dans le fait qu'elle n'a pas cédé au désarroi et au découragement”, enchaînera Chay qui eut aussi l'idée lumineuse de faire appel à un défenseur de métier, Kamel Habri en l'occurrence, pour verrouiller son dispositif défensif à 2-0, c'est-à-dire à un moment crucial de la partie où les Canaris tenaient jalousement à une qualification qui leur tendait superbement les bras, avant que ce diable de Berguigua ne se décide à s'offrir “la cerise sur le gâteau” avec ce troisième but qui scellait définitivement le triomphe kabyle. Tout heureux d'avoir réussi un joli doublé, “Berguigoal” s'en allait dédier son exploit à son complice Yacef, auteur, lui aussi, d'une “talonnade à la Madjer” pour fêter, tel qu'il se doit, la naissance de sa toute première fille. Et toute l'équipe kabyle versa aussitôt dans une joie indescriptible qui nous rappelle, en bien des similitudes, les moments de gloire du fameux “Jumbo-Jet” africain d'autant plus que l'arène olympique se réveilla comme un volcan resté fort longtemps en sommeil pour laisser échapper les “One ! two ! three ! viva l'Algérie !” dans un décor magnifique fait de feux de Bengale, de chants du terroir et d'un vacarme assourdissant. Après le 4-0 face à l'Ittihad à Tripoli et le 3-0 réussi face au Zanaco de Lusaka, la JSK aura réussi à effacer le fameux cauchemar de Fello Star de la saison dernière pour envisager certainement un parcours prometteur dans cette seconde tentative en Ligue des champions, même si le prochain adversaire aux 8es de finales pourrait être la redoutable formation du Raja de Casablanca. MOHAMED HAOUCHINE