Les contradictions du parti islamiste le conduisent à soutenir la promotion de l'alliance présidentielle, mais aussi à demander le départ du SG d'une formation alliée, le RND. L'ambition, le climat politique qui prévaut dans le pays depuis quelques mois, l'approche des élections, autant de facteurs qui font croire au Mouvement de la société pour la paix (MSP) que l'heure est venue de glaner encore quelques parcelles de pouvoir supplémentaires. Et à en croire son député Abderrezak Mokri, réagissant, hier dans le journal arabophone El-Fadjr, aux propos du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui s' en est pris la veille à son chef, Aboudjerra Soltani, qui demandait son départ avant la fin 2006, le MSP veut donner de lui-même l'image d'un parti qui veut jouer gros. Même son avenir dans l'Exécutif. Les déclarations de ce parlementaire, connu pour être le représentant du courant le plus radical de la formation islamiste, ne souffrent, en effet, d'aucune ambiguïté. Le MSP, écrit le journal suscité, “appelle soit à la promotion de l'alliance présidentielle soit à y mettre fin”. Voilà des propos qui ont le mérite d'être clairs. La promotion de l'alliance présidentielle dépendrait-elle donc du départ d'Ahmed Ouyahia tel que revendiqué par Aboudjerra Soltani et son remplacement par un Chef de gouvernement “technocrate et non partisan” ? Ce n'est pas un raccourci, si des observateurs considèrent déjà que la dernière interview du chef du MSP à l'organe central de son parti, Ennaba, a sonné le glas du triptyque présidentiel. En tout cas, annonce-t-on çà et là, c'est une affaire de mois. Aboudjerra Soltani en a bel et bien fixé les délais. Son exigence de voir Ouyahia partir avant la fin 2006 est loin d'être une plaisanterie politique encore moins une farce inventée juste pour amuser la galerie. Le MSP nourrit des appétits grandissants de pouvoir lui qui se croit capable de s'emparer de sa totalité en 2012. Une autre échéance que la formation islamiste intègre à son calendrier, selon son leader Soltani qui annoncera dans les colonnes du bimensuel de son parti qu'ultérieurement, et au moment voulu, le MSP qui ne se suffirait plus de sa position d'“intrus” dans le gouvernement, encore moins d'un statut de “parent pauvre” de l'alliance présidentielle, demanderait des portefeuilles ministériels de souveraineté. En attendant, il fait campagne contre le chef de l'Exécutif et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, pour faire avancer ses revendications. Mais pas seulement. Ce faisant, Aboudjerra Soltani, dont l'élection à la tête du MSP a été très controversée lors du dernier congrès où s'était joué, très serré, son avenir politique, tente également de s'imposer définitivement comme chef incontesté du MSP en faisant siennes les ambitions de son aile la plus radicale incarnée entre autres par Abderrezak Mokri. Saïd Rabia