Les aptitudes physiques du président de la République à gérer les affaires de l'Etat pendant cinq autres années, et même d'aller jusqu'au bout du mandat courant, tourmentent la classe politique. Au lendemain de la réélection de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême avec plus de 85% des suffrages exprimés (taux officiel avancé par le ministre de l'Intérieur et confirmé par le Conseil constitutionnel), l'opinion politique nationale projetait déjà le locataire du palais d'El-Mouradia dans un troisième mandat. Pourtant, depuis son hospitalisation pendant presque un mois à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, puis sa longue convalescence dans la capitale française à la fin de l'année dernière, cette conviction est sérieusement ébranlée. Le doute quant aux aptitudes physiques du président de la République à gérer les affaires de l'Etat pendant cinq autres années, et même d'aller jusqu'au bout du mandat courant, s'insinue insidieusement dans les esprits. La semaine dernière, au détour de discussions de couloirs à l'APN, des députés de différentes obédiences politiques assuraient que l'état de santé du chef de l'Etat et son âge avancé ne lui permettront guère de rester aux commandes de l'Etat au-delà de 2009 (il sera alors âgé de 72 ans). Un élu FLN, membre de la commission chargée de réfléchir sur la révision constitutionnelle, affirme que la démarche du plus vieux parti ne vise pas particulièrement à introduire un amendement qui donnera au président Bouteflika la prérogative de briguer un troisième mandat. “Notre objectif est de corriger les anomalies de la loi fondamentale”, précise-t-il en relevant le fait que les cadres du FLN n'ont aucune certitude, pour le moment, sur la capacité du chef de l'Etat à assumer ses charges — assez lourdes au demeurant — jusqu'à la prochaine élection présidentielle. “On dit qu'il va bien. Mais est-ce vraiment la vérité ?” s'interroge notre interlocuteur. Certains parlementaires entrevoient, par ailleurs, dans le dernier discours du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, à l'issue d'une session ordinaire du conseil national de sa formation, une intention claire de se porter lui-même candidat à la présidentielle de 2009. “Le Chef du gouvernement est intelligent. Il a dit : je ne me présenterai jamais contre Abdelaziz Bouteflika. Les gens ont commenté cette déclaration comme un soutien de Ouyahia à une future candidature du président Bouteflika. Il fallait plutôt comprendre qu'il ne sera pas en lice contre Bouteflika parce que ce dernier ne postulera pas pour un troisième mandat”, analyse-t-on. Cette lecture devient vraisemblable dès lors que le Chef du gouvernement s'oppose publiquement et clairement à une révision constitutionnelle, à brève échéance. Pourtant, sans changements dans la loi fondamentale, Abdelaziz Bouteflika n'aura aucune possibilité de prétendre à un troisième mandat. De surcroît, pour Ahmed Ouyahia, depuis le soutien franc que lui a apporté le chef de l'Etat lors du 50e anniversaire de la naissance de l'UGTA, est pressenti, pour l'heure du moins au regard des parlementaires et de nombreux acteurs politiques, comme un prétendant sérieux à la présidence de la République. Evidemment, les élus nationaux interprètent des signes qui seront probablement contredits par des indicateurs qui apparaîtront au fur et à mesure que le rendez-vous de 2009 approche. Il n'en demeure pas moins que les résultats des élections législatives, programmées pour le printemps prochain, seront déterminants pour le sort de la présidentielle, qui interviendra à peine deux ans plus tard. S. H.