Bouteflika a promis que «la réconciliation et la démocratie» seraient les principaux mots d'ordre pour asseoir une classe politique nouvelle. Lors de ses nombreuses sorties dans le cadre de la campagne électorale, Abdelaziz Bouteflika, alors candidat à sa propre succession, n'a pas caché son désaccord avec la classe politique telle que conçue actuellement. Sans avoir pour autant éclairé l'opinion nationale sur le paysage politique qu'il compte instaurer, ce dernier, réélu jeudi pour un second mandat, persiste-t-il à refuser sinon à exclure de l'exercice politique les formations politiques qui lui ont voué, au cours de son premier quinquennat une farouche hostilité. Rien n'est moins sûr si ce n'est les quelques messages rassurants et le «respect», de ce dernier, des principes démocratiques, qu'il a savamment distillés dans son discours à la nation, vendredi dernier sur l'Entv. Dans le cas contraire, le Wafa, parti de l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb El Ibrahimi, et le Front démocratique (FD) de l'ex- Premier ministre Sid Ahmed Ghozali, demeureront les deux «principaux» partis à ne pas être reconnus par la loi. Créés au lendemain de l'élection de Bouteflika à la tête de la magistrature suprême, en avril 1999, ces deux formations n'ont pu jouir, à ce jour, de l'agrément attestant leur droit à l'exercice politique. Taleb El Ibrahimi, à travers ses multiples sorties publiques, avait expliqué que l'interdiction de Wafa par le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni sous prétexte de «présence de membres de l'ex-FIS à l'intérieur des instances dirigeantes du parti» n'obéit à aucune considération légale. Preuves à l'appui, il n'a cessé de réfuter cette thèse en soutenant haut et fort que la composante en question ne souffre d'aucune entorse à la loi, encore moins à la Constitution. Pour Taleb, l'entêtement des pouvoirs publics, et à leur tête le président de la République, est dicté par la volonté de celui-ci de mettre au pas une opposition qui a prouvé sa «crédibilité» sur le terrain. De son côté, le président du FD, parti créé en 1999, explique son exclusion du jeu politique par l'hostilité du chef de l'Etat aux partis représentatifs. Balayant d'un revers de main, les thèses multiples et « souvent contradictoires» ayant trait à l'interdiction du FD, Sid Ahmed Ghozali, au cours d'un point de presse animé récemment à Alger, avait expliqué l'obstination de Zerhouni, par la crainte des pouvoirs publics d'agréer des partis politiques capables dont l'opposition à l'actuel président est la première vocation. Cela dit, le raz-de-marée populaire qui a marqué la réélection de Bouteflika jeudi dernier à la magistrature suprême, ouvrira, sans nul doute, une nouvelle ère dans les rapports entre les différents acteurs de la scène politique. La reconfiguration «partisane» que le chef de l'Etat n'a eu de cesse d'évoquer à travers son périple électoral donnera, si l'on se fie aux velléités démocratiques, un «coup de neuf» qui viendrait asseoir un système démocratique digne des nations les plus modernes. Ce dernier, dans le cadre de la politique de réconciliation nationale qu'il a promis de mettre en pratique, une fois le deuxième mandat à la tête de l'Etat assuré, aurait-il l'intention, de légaliser les partis en question? En tout cas, Bouteflika, à travers les multiples prestations publiques qu'il a eu à animer, a fait montre de sa détermination à faire de «ladémocratie», le cheval de bataille de sa démarche politique.