L'AIS représente“une force politique même si elle est finie militairement”, affirmera Madani Mezrag dans un entretien accordé à un journal oranais. Pour lui, “c'est le FLN qui a besoin de lui et non le contraire”. Madani Mezrag, l'ancien chef de l'organisation terroriste AIS, qui prend part à toutes les kermesses de la réconciliation nationale, persiste et signe que la Constitution l'autorise à faire de la politique. Dans un entretien qu'il a accordé avant-hier au quotidien arabophone El Wasl édité à Oran, il affirme, à qui veut l'entendre, que si “l'AIS, l'ancienne branche armée du FIS, est finie militairement, elle est toutefois présente sur le terrain de la politique. Elle active dans toutes les wilayas par la force de la loi fondamentale”, soutient Madani Mezrag qui nie avoir donné “des orientations à ces militants”, de ne pas rejoindre les rangs du FLN, “un parti national s'inspirant, selon lui, des principes du 1er Novembre 1954”. Celui qui a osé avouer ses crimes en prétextant qu'au maquis il n'était pas en villégiature, endosse, cependant, l'échec de son rapprochement avec la formation d'Abdelaziz Belkhadem à la presse francophone. “Le FLN est tombé dans le piège de cette presse”, indiquera Madani Mezrag qui n'hésite pas à narguer l'ex-parti unique, en disant que “c'est plutôt lui qui a besoin des services de l'AIS et non le contraire”. L'ancienne organisation terroriste représente, selon lui, “une force politique qui bénéficie d'une large base” avec laquelle il continue à entretenir des liens étroits. Voilà ce qui donne, en effet, à l'“émir” de Jijel le culot d'annoncer qu'il s'engagera “avec force dans les prochaines joutes électorales”. Peu importe, pour lui le parti parraineur, l'essentiel, dira-t-il, est que celui-ci “conforte les ambitions de l'AIS”. Se sachant courtiser par les milieux islamistes légaux — le MSP a annoncé déjà sa disponibilité à ouvrir ses portes à ceux qui jouissent pleinement de leurs droits civiques à condition qu'ils ne contredisent pas ses principes, et le parti El-Islah d'Abbdellah Djaballah en a dit autant — Madani Mezrag ne cesse de faire offre de ses services en attendant de voler de ses propres ailes. S'il admet que le FIS a disparu par “l'effet d'une décision de justice”, il n'exclut pas, cependant, son retour sous une autre appellation “sans que cela ne change en rien l'idée qui a été à l'origine de sa création”. Le chef de l'ancienne organisation terroriste tient, en fait, plus que jamais à “cette revendication légitime”, à laquelle, dit-il, “il ne renoncera en aucun cas”. Ce qu'il ne cessera pas de clamer sur toutes les tribunes qui lui sont offertes. Et la dernière en est la commémoration, à Mostaganem, de la deuxième année de la réélection d'Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. Invité par les comités de soutien au président de la République, Madani Mezrag, qui a animé la cérémonie de commémoration (Ali Benhadjar et Ahmed Benaïcha ayant décliné l'invitation), aux côtés du ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, El-Hadi Khaldi, a réaffirmé son “soutien à la charte dans la forme et dans le fond”. Mais pas seulement cela, le chef de l'ancienne branche armée du FIS dissous soutient que “si ce n'était pas la charte, l'Algérie aurait connu une vague de violence pire que celle qu'elle a vécue”. Bouteflika, dira-t-il, “a coupé l'herbe sous le pied des partisans du tout-sécuritaire et ceux qui veulent protéger la démocratie par les tanks”. S. Rabia