La secrétaire nationale du Parti communiste français (PCF), Marie George Buffet, est tombée jeudi à bras raccourcis sur le projet de Nicolas Sarkozy instituant « l'immigration choisie » et la controversée loi du 23 février. A l'occasion d'une rencontre avec les journalistes jeudi à la maison de la presse Tahar Djaout, Mme Buffet a prononcé une violente diatribe contre la droite française coupable de vouloir « rompre les liens historiques d'amitié entre les peuples algérien et français ». Elle a considéré les deux lois initiées par la droite comme « une dérive inquiétante et réactionnaire ». Pour elle, ces textes sont des projets « contre l'amour » qui visent à installer la précarité pour les travailleurs immigrés et qui portent des « relents d'un ancien temps », dans une allusion au colonialisme. Marie George Buffet assène que l'histoire des deux pays est certes « douloureuse, mais commune, en ce sens que nos populations sont croisées ». La France, d'après elle, doit assumer son devoir de mémoire et la responsabilité de son passé colonial. Tout en tirant fierté de ce que son parti, le PCF, ait partagé une belle et longue histoire avec le peuple algérien, Mme Buffet déclare presque sentencieuse : « Le traité d'amitié doit être conçu d'égal à égal », et que la France doit « assumer ses responsabilités ». Rappelant que son parti a dénoncé la loi du 23 février en son temps, Marie George Buffet assure que le PCF sera également à l'avant-garde pour contrer la loi Sarkozy qu'elle a qualifiée « d'ultra réactionnaire et ultra libéral ». Pour ce faire, elle annonce une grande manifestation pour le 16 mai à l'effet de dire « non à l'immigration choisie ». Revenant sur sa visite en Algérie, la patronne du Parti communiste français dit vouloir « mieux comprendre la réalité de la situation politique, économique, sociale et démocratique de l'Algérie ». Elle affirme être convaincue qu'entre la France et l'Algérie la coopération doit être de haut niveau. « Tout justifie une coopération de haut niveau tant au niveau des gouvernements que celui de la société civile. » Et avant de faire son constat, Mme Buffet a écouté plusieurs responsables politiques, syndicaux et associatifs. A commencer par le président de l'APN, Amar Saâdani, qu'il a reçue en audience et qu'elle a interpellé sur le cas du journaliste Mohamed Benchicou en prison depuis près de deux ans. L'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement Lionel Jospin (1997- 2002) a été reçue successivement par les responsables du FFS, du RCD, du MDS, de l'ANR et par les dirigeants de l'UGTA et des syndicats autonomes. L'oratrice a souligné que les derniers se sont plaints du fait que les autorités algériennes refusent obstinément de leur accorder des « agréments » et que le consulat de France leur refuse aussi les visas pour « porter leurs voix au niveau des instances internationales ». Cette forme de « complicité » des autorités françaises s'explique, d'après elle, par le fait que même la classe politique de l'Hexagone fait preuve « d'autocensure » dès qu'il s'agit de l'Algérie. Bien qu'elles « se fâchent contre les atteintes aux droits de l'homme en Algérie, elle ne daigne pas les dénoncer pour autant », soutient Marie George Buffet. Interrogée sur la réaction du Quai d'Orsay, plutôt mesurée par rapport aux déclarations au vitriol du président Bouteflika sur les méfaits de la colonisation française, Marie George Buffet croit déceler une volonté d'« apaisement des autorités de son pays ». Elle affirme que la France vit une période cruciale à moins d'une année de la présidentielle pour laquelle elle souhaite un « projet commun pour la gauche afin battre la droite ». Et c'est aussi cela l'autre sens de sa visite en Algérie dont le poids électoral de sa diaspora en France n'est pas négligeable.