Un saut qualitatif qui dénote la volonté du chef de l'Etat français à jeter les bases d'un partenariat d'exception. Jamais les relations algéro-françaises n'ont été aussi fortes que sous le règne des présidents Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac. En effet, à la veille de la visite en Algérie, à l'automne, du ministre français de l'Intérieur, M.Dominique de Villepin et le retour de son collègue de l'Economie et des Finances M.Nicolas Sarkozy, après une récente visite, le 4 juin dernier, le président Jacques Chirac a présidé, hier, à l'Elysée, un conseil interministériel destiné à faire le point sur le processus de «développement d'un partenariat d'exception» avec l'Algérie. Le conseil, tenu en présence de Jean-Pierre Raffarin et de 15 ministres est le deuxième du genre en l'espace d'un mois. A l'ordre du jour de la réunion figure, en bonne place, le dossier de la circulation des personnes qui avait connu sous le gouvernement de Lionel Jospin, moult entraves. Une situation qui a commencé à se normaliser depuis la visite d'Etat effectuée à Alger, au printemps 2002 par le président Jacques Chirac et où il était question de la révision, à la hausse, du nombre de visas accordés aux Algériens et de la réouverture, dans les plus brefs délais, des consulats d'Oran et d'Annaba. Ainsi, le nombre de visas délivrés est passé, en un temps record, de 18.000 à 100.000 à la faveur de la visite de M.Chirac pour enfin, atteindre 280 000 à 300.000 actuellement. Un processus qui a vu l'assouplissement des formalités de délivrance des visas en prévision du rapatriement définitif des services d'instruction des visas qui étaient jusque-là traités à Nantes. A l'heure actuelle, 50% des demandes de visas peuvent d'ores et déjà être traitées par le consulat général à Alger, indique-t-on de source consulaire française. Un saut qualitatif qui dénote la volonté du chef de l'Etat français à jeter les bases d'un partenariat d'exception entre les deux capitales, à la veille de la signature, l'année prochaine, du traité d'amitié. Jacques Chirac, qui s'était engagé, lors de sa visite le 13 mars dernier en Algérie, à renforcer les relations entre Paris et Alger semble avoir compris que le ton n'est plus désormais un voeu pieux. La réunion d'hier, en présence notamment de Nicolas Sarkozy, Michel Barnier, Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin, devait permettre de définir un programme de travail pour les ministres. «Le dialogue politique avec l'Algérie se poursuivra avec un flux régulier de visites ministérielles dans les deux sens», indique un communiqué de l'Elysée, rendu public hier. Au total, avant la fin de l'année, huit ministres français se rendront en Algérie et six de leurs homologues algériens viendront en France. Il s'agit, notamment, des ministres de la Santé, de l'Habitat, des Transports, des Ressources en eau et des Travaux publics. Parallèlement, Paris entend continuer à rouvrir le réseau culturel français en Algérie. Comme actions concrètes, les autorités françaises annoncent d'ores et déjà la réouverture du centre culturel de Constantine à l'automne 2004 et de celui de Tlemcen en 2005. L'Ecole supérieure des affaires entrera quant à elle en activité à l'automne. La réhabilitation des sépultures civiles françaises en partenariat avec les collectivités locales françaises et les autorités algériennes, ainsi que la datation des gravures rupestres du Sahara sont prévues. Au chapitre économique, Paris et Alger poursuivront leurs négociations sur un nouvel accord économique et financier. Enfin, «des discussions seront engagées sur la rénovation de nos relations de défense, en particulier en matière de formation et de partage d'expériences», précisait-on à l'Elysée. D'ailleurs, Michèle Alliot-Marie rentre juste d'une visite en Algérie, la semaine dernière. Une visite au cours de laquelle il a été convenu de la signature, à l'automne prochain, d'une convention de coopération militaire. Les visites croisées entre les deux rives, dénotent, on ne peut plus clairement, un retour à la normale des relations entre les deux pays qui comptent faire table rase des tensions d'un passé tumultueux. Il convient de noter que la précédente réunion de ministres consacrée à la coopération franco-algérienne s'était tenue le 16 juillet 2003.