L'Iran engrange 4 milliards de dollars par an grâce à la vente de son célèbre tapis persan. Plus près de chez nous, nos voisins marocains et tunisiens vendent pour plus de 200 millions de dollars. L'Algérie qui exportait dans les années 1970 un seul modèle, le tapis tlemcénien, n'en vend plus à l'étranger. Ces informations ont été données par le DG de l'industrie artisanale et des métiers au ministère de la PME lors de son intervention à la journée d'information organisée par la Direction de la PME de Ghardaïa en marge du 42e Salon national du tapis qui se tient du 15 au 21 avril 2006. Au vu du constat qu'il a dressé, le secteur de l'artisanat paraît dans le creux de la vague. La dinanderie, la maroquinerie, la broderie et surtout le tapis croulent sous des contraintes multiformes. Le DG de la branche au ministère de la PME en cite quelques-unes : absence de locaux de production, inexistence de lieux de vente et d'espaces de rencontre pour les artisans, ainsi que la cherté des produits entrant dans le processus de production. Tout cela se répercute exagérément sur les prix de vente affichés. Au salon, nous avons eu à le vérifier : des tapis dépassent allègrement les 20 000 DA. Des tarifs qui les mettent hors de portée des modestes bourses de la grandes majorité des visiteurs qui se rabattent, en fin de compte, sur le tapis synthétique. Pourvoyeur d'emplois, le secteur artisanal, cet héritage culturel ancestral, mérite plus d'égards, sous peine de le voir disparaître complètement. “En 2002, nous avons recensé 74 000 artisans et plus de 200 000 autres exerçant dans le circuit informel”, dira M. Benabdelhadi, DG de la branche au ministère de la PME qui ajoute : “À l'horizon 2010, nous tablons sur le chiffre de 500 000 artisans et des recettes d'exportation de 162 millions de dollars.” Et pour étayer son optimisme, il citera les multiples mesures initiées par le gouvernement en vue de donner une impulsion nouvelle et salutaire au secteur de l'artisanat : “La création en 2003 du fonds de financement de l'industrie artisanale dont les crédits sont passés de 2,5 milliards à 240 milliards et la mise sur pied de 31 chambres d'industrie artisanale.” Pour Ghardaïa, il a indiqué que le ministère de tutelle réalisera une maison de l'industrie artisanale et un musée du même nom. Rendez-vous incontournable des artisans, le Salon du tapis qu'organise Ghardaïa est l'occasion idoine pour la promotion des métiers artisanaux chargés d'histoire. Quelqu'un a dit à juste titre : “La longévité n'est désirable que si elle prolonge la jeunesse, et non pas la vieillesse.” Après 42 éditions, le salon a besoin d'un bain de jouvence fait d'imagination et de pertinence pour demeurer le moteur de vie d'un secteur névralgique. RACHID MERSEL