Les femmes et les hommes qui ont fait preuve d'efficacité au sein du gouvernement se comptent sur les doigts d'une seule main. Pour la plupart d'entre eux, l'heure de faire leurs valises a sonné. Il ne reste plus que trois mois aux membres du gouvernement actuel drivé par Ahmed Ouyahia pour faire preuve de leurs compétences et de leur savoir-faire. Certains d'entre eux ont déjà une feuille de route bien remplie et toute tracée. D'autres sont sur le gril. L'autoroute Est-Ouest restera probablement le grand chantier qui marquera le second quinquennat de Abdelaziz Bouteflika. D'une longueur de 1216km, ce superbe axe routier doit relier la ville de Tlemcen à celle de Annaba. Financé rubis sur l'ongle par l'Etat et estimé à 11 milliards de dollars, ce mégaprojet a pour objectif aussi de générer des emplois. 100.000, selon les prévisions des spécialistes. Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, qui pilote les travaux et les différentes séquences liées à cet énorme chantier, ne devrait pas rater le rendez-vous. Sa réception est prévue dans le courant 2009. Le ministre dont la popularité au sein du gouvernement est incontestable, a été au four et au moulin pour accomplir la tâche dont il a été investi. Secteur sensible par excellence, le BTP (bâtiment et travaux publics) a de tout temps constitué le baromètre de la relance des économies des pays développés ou en voie de développement et l'Algérie n'y échappe pas. Le secteur du BTP a enregistré un taux de croissance de 11% dès l'année 2005. Une conséquence directe de l'embellie financière extraordinaire de l'économie nationale engrangée grâce aux exportations en hydrocarbures. L'Algérie a mis sur le tapis 140 milliards de dollars dans le cadre du plan de développement économique initié par le chef de l'Etat. Plus des 2/3 de ce pactole seront consacrés à la modernisation d'infrastructures (chemin de fer, métro, hôpitaux, complexes sportifs...), mais aussi à la construction du million de logements. Parmi les ministres exposés à l'opinion publique et qui sont régulièrement sous les feux de la rampe celui du secteur de l'Habitat et celui des Travaux publics occupent une bonne place. Noureddine Moussa a en charge un département qui a comme priorité de soulager un tant soit peu la crise du logement. Le ministère de l'Habitat, quoi qu'il ait changé de main à maintes reprises (Tebboune, H'mimid,...), témoigne combien ce secteur est névralgique sans qu'il ait trouvé son homme. Les responsables de ces deux départements ministériels devraient être dans les bonnes grâces du prochain président de la République qui sera élu au mois d'avril. L'Algérie de 2009 doit nécessairement faire peau neuve et réajuster sa politique sociale et économique. Abdelaziz Bouteflika avait averti cet été: «Nous allons droit dans le mur», a prévenu le président de la République qui a surtout rappelé à l'ordre ses ministres afin qu'ils réduisent les dépenses publiques. Epine dorsale de l'économie nationale, les hydrocarbures devraient logiquement voir les recettes engrangées par leurs exportations connaître un net fléchissement. Les prix du pétrole ont perdu plus de 100 dollars de leur valeur depuis le mois de juillet 2008. Les derniers chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques ont mis à nu l'inefficacité de secteurs clés tels que celui de l'Agriculture, de la Santé ou du Tourisme. Ce dernier demeure à la traîne alors que nos voisins tunisiens et marocains ont enregistré des performances avoisinant les 5 milliards de dollars. Les importations se sont élevées à près de 40 milliards de dollars et elles ont surtout montré combien l'Algérie était dépendante. Elle importe de tout (pièces de rechange, matériel électroménager, automobiles, cosmétiques, mouchoirs en papier...), mais elle manque surtout de l'essentiel: céréales, lait, médicaments. Le pouvoir d'achat des citoyens demeure tributaire de la rente pétrolière et ce n'est sans doute pas dans un moment aussi crucial que celui d'aujourd'hui qu'il faut s'attendre à ce qu'il s'améliore. La crise économique est bel et bien à nos portes quoi qu'on en dise. La crise financière internationale n'a pas touché le secteur financier algérien parce qu'il en est déconnecté. Il est tout simplement obsolète. La réforme bancaire est encore à ses balbutiements. Par ailleurs, la politique de solidarité nationale aussi volontariste soit-elle, atteste d'une paupérisation rampante qui gangrène les classes moyennes consommatrices par excellence (couffin du Ramadhan...). Les chiffres du chômage sont controversés. Les 400.000 emplois qui doivent être créés chaque année et annoncés en grande pompe par Tayeb Louh, relèvent d'un voeu pieux. Si l'on ajoute à ce tableau déjà peu reluisant la spéculation qui règne au niveau des produits de consommation (fruits et légumes...), le manque de régulation des marchés, l'absence d'un système de contrôle et d'hygiène, autant dire que la coupe est pleine. Les transports sont devenus un vrai cauchemar pour les usagers. Les hôpitaux sont à fuir comme la peste, l'université et l'école sont en crise. C'est à ce rythme que bat le quotidien de l'Algérien. Les femmes et les hommes qui ont fait preuve d'efficacité au sein du gouvernement se comptent sur les doigts d'une seule main. Pour la plupart d'entre eux, l'heure de faire leurs valises a sonné.