Dans cet entretien, le patron de la Centrale syndicale livre ses appréciations sur le projet de loi portant sur la promotion de l'emploi. Il s'est également prononcé sur le statut de la Fonction publique, la question des salaires et la prochaine tripartite. Liberté : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à accepter le projet de loi portant mesures d'appui à la promotion de l'emploi ? Sidi-Saïd : Je rappelle d'abord que cette loi est la conséquence de la tripartite de septembre 2003, où nous avions demandé un RMI. De plus, pour les années 2004 et 2005, nous avons comptabilisé à la Centrale plus de 10 000 demandes d'emploi, provenant de primo-demandeurs pour la plupart avec un bac plus, dont 30% sont des femmes. Mais, nous avons tenu à faire appel à nos experts pour dépolitiser la question. Le secrétariat national a analysé la loi, l'étude et les remarques de nos experts le 16 avril dernier. Aujourd'hui (mercredi 19 avril) à 14h, une équipe du secrétariat national sera écoutée par la commission sociale de l'Assemblée nationale sur la question se rapportant aux finances de l'Etat dans cette loi, et non pas comme subventions de l'Etat comme c'est mentionné dans le texte… Nous ne pouvons pas être statiques aujourd'hui, les réformes sont là et il faut les gérer avec le moindre mal de répercussion. Nous ne pouvons plus rester dans les constats, car il y a une multitude de préoccupations… Comment se fait-il qu'un syndicat donne son quitus à l'Etat pour qu'il puise de l'argent de la Caisse nationale d'assurance-chômage, c'est-à-dire de la Sécurité sociale? Le fondement de cette loi repose sur le comment aller vers les jeunes, leur donner un poste de travail, tout en responsabilisant le privé national à travers son implication dans le recrutement. L'UGTA intervient dans le cadre de la solidarité sociétale. Je dirais qu'il y a une double solidarité consentie par l'UGTA : une solidarité pour le demandeur d'emploi et une solidarité pour celui qui le recrute. C'est un contrat gagnant-gagnant. Quant à la CNAC, elle a été créée à l'initiative de l'UGTA pour aider et se solidariser avec les travailleurs qui avaient perdu leur emploi pour raison économique. Elle est financée par 0,5% par les œuvres sociales, une partie des cotisations de la Fonction publique et une partie des cotisations des entreprises. Ne craignez-vous pas la remise en cause à long terme de la Sécurité sociale ? Il n'y a pas de remise en cause de la batterie sociale, des caisses sociales. Il n'y a ni remise en cause des acquis sociaux ni augmentation des cotisations des travailleurs. Ni la CNAS ni la CNR ne seront touchées. Pour ce qui est de la CNAC, son réservoir d'allocataires ne dépasse pas aujourd'hui les 6 000 personnes. Cela veut dire que depuis janvier 2000, il n'y a plus eu de compression d'effectifs pour raison économique. La CNAC, avec son fonds propre (avoisinant les 75 milliards de DA, ndlr) est le verrou sécuritaire pour la récession économique. Mais, s'il y a plus tard un dispositif contraire, qui détruit la CNAC, on réagira. Nous retiendrons pour l'instant que dans ce texte, tout repose sur la législation… Il y a une flexibilité dans cette loi. Avez-vous émis des réserves ou des conditions à ce projet de loi ? Pour éviter les déviations, les tricheries et la non-application de la loi, la Centrale syndicale insiste sur le contrôle collectif. Nous jugeons que cette loi est positive par rapport à une attente des primo-demandeurs. Elle est bonne, mais il faut suivre son application. Il faut mettre en route les mécanismes d'application et de suivi. La centrale UGTA n'est-elle pas en train de lâcher les travailleurs, alors qu'elle est censée les défendre moralement et matériellement ? Nous n'avons jamais laissé tomber les travailleurs et pour preuve, le dossier sur le statut de la Fonction publique est réglé à présent. Je rappelle que ce dossier a été abordé par l'UGTA à la tripartite de juin 1998 et dans les différentes réunions bipartites gouvernement-UGTA en 1990, 1991, 1998, 2001, 2002, 2003 et 2004. Il y a un mois, nous sommes tombés d'accord avec le gouvernement sur le contenu de ce statut : nous avons trouvé une solution intermédiaire au problème des contractuels. En septembre prochain, le dossier passera par le cheminement normal, donc à l'APN. À partir du mois de mai, nous allons aussi négocier les salaires de l'ensemble des fonctionnaires avec le gouvernement. Et pour l'augmentation des autres salariés ? Nous allons les négocier avec le gouvernement de mai jusqu'à juillet. Le principe a été retenu. Qu'en est-il des autres dossiers ? Nous comptons remettre en marche avec les 28 SGP (sociétés de gestion de participation) les conventions de branches, y compris la partie salariale. Nous allons également faire, pour la première fois, une convention-cadre avec le patronat à partir du mois de mai. Tous ces dossiers, ainsi que le pacte économique et social doivent être finalisés d'ici septembre 2006, avant la tenue de la tripartite. Propos recueillis par Hafida Ameyar