Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, garde bon espoir de ressortir de la bipartite, dont les travaux se tiennent aujourd'hui, avec le projet de statut général de la Fonction publique en poche. Mis en chantier en octobre 2003, ce nouveau cadre juridique doit permettre, selon l'expression du patron de la centrale syndicale, de « redonner autorité et dignité aux fonctionnaires ». Le souhait du patron de la centrale syndicale est dans l'ordre du possible. Il reste tributaire, cependant, du résultat des négociations devant concerner les points litigieux du projet. L'enjeu de cette bipartite consistera, effectivement, pour l'UGTA à convaincre le gouvernement d'atténuer la portée de certains articles du nouveau statut de la Fonction publique jugés peu avantageux pour les travailleurs. La remarque vaut notamment pour l'article 18 du projet relatif à la contractualisation qui prévoit de soumettre au régime de la contractualisation les emplois des ouvriers professionnels et des services. Dans un entretien accordé hier au quotidien L'Expression, M. Sidi-Saïd s'est prononcé sur la question en indiquant que la rencontre bipartite sera justement mise à profit par le gouvernement et l'UGTA pour « trouver un ancrage consensuel qui fasse en sorte que cet article 18 ne soit pas aussi tranchant ». A l'occasion, il a tenu à démentir l'idée que la mise en application du texte se soldera par des compressions de travailleurs. En guise d'argument, le patron de l'UGTA a signalé que l'article 23 du même texte « lève toute équivoque en soulignant clairement que nul ne sera compressé dans le cadre de la mise en application de ce nouveau statut général de la Fonction publique ». Et de préciser que seuls les nouveaux recrutés seront concernés par les nouvelles dispositions. Quelle situation agréerait le mieux la centrale syndicale ? A cette question, Abdelmadjid Sidi-Saïd a répondu que l'idéal, concernant cet article 18, serait que « le mot contractualisation disparaisse et que les choses se fassent cas par cas ». Il expliquera en outre que l'objectif de l'UGTA est d'« éviter l'externalisation ». Et dans son face-à-face avec le chef du gouvernement, le patron de l'UGTA a présenté son organisation « en position de force ». D'où puise l'UGTA sa force ? M. Sidi-Saïd mettra surtout en avant la solidarité et le consensus existant entre les fédérations concernant le projet de statut de la Fonction publique. Une manière pour lui, peut-être, d'insister sur l'idée que l'UGTA a les moyens de mener la vie dure au gouvernement dans l'hypothèse où les travaux de la bipartite n'iraient pas dans le sens des intérêts des travailleurs. En cas d'accord rapide entre le gouvernement et l'UGTA concernant les articles du projet de statut général de la Fonction publique objet de divergences, il est possible d'espérer, a déclaré M. Sidi-Saïd, que le texte atterrisse sur le bureau de l'APN au printemps 2005. Le patron de l'UGTA prévient toutefois que, même adopté, le projet en question ne pourra être utilisé qu'après la révision de tous les textes d'application (442 au total) datant de 1966. Une opération qui devrait, a-t-il dit, déboucher sur une augmentation du pouvoir d'achat. Au titre des autres points inscrits à l'ordre du jour de la bipartite, Abdelmadjid Sidi-Saïd a indiqué que sa doléance, concernant les dossiers de la non-application des décisions de justice et des salaires impayés, consiste à voir le gouvernement mettre en place des mesures coercitives à l'encontre des employeurs concernés par la question. démarcation Invité à donner son point de vue sur la démarche du gouvernement en matière de privatisation, le secrétaire général de l'UGTA a préconisé de « sortir de la langue de bois, de tenir un discours franc sur la question et de trouver le courage de dire les vérités même si elles sont amères ». Une manière, pour lui, de souligner la nécessité de se démarquer de l'attitude dogmatique qui a jusque-là entourée le traitement de ce dossier. Pour M. Sidi-Saïd, certains problèmes du secteur public résultent du fait qu'il est géré aujourd'hui de manière « fonctionnarisée ». Une situation à l'origine, selon lui, de trop nombreuses pesanteurs. « Si nous remontons dans les réformes économiques, nous constatons qu'il n'y a pas eu réforme, mais seulement restructuration organique du même portefeuille des entreprises publiques. D'où l'échec que nous connaissons », a-t-il mentionné. Pour aller de l'avant, la solution réside, de l'avis du patron de l'UGTA, dans la nécessité de permettre aux entreprises publiques de s'affirmer sur le marché national et international et d'intégrer la privatisation, quand celle-ci comporte un « risque zéro sur les salaires, l'emploi et la représentativité syndicale ». Abordant le sujet de la réforme du secteur des hydrocarbures, M. Sidi-Saïd a signifié que son organisation « n'a pas de blocage concernant la question des hydrocarbures ». Il ajoutera que « le concept de réformes à connotation positive est définitivement accepté par l'UGTA ». Sur la question des salaires, le patron de la centrale syndicale s'est dit prêt par ailleurs à croiser le fer dans le cadre de prochaine tripartite pour obtenir de nouvelles augmentations. Il a prévenu, toutefois, que la révision à la hausse des salaires doit se faire de telle sorte aussi à ne pas fragiliser les entreprises.