Photo : Riad Par Amirouche Yazid Le nouveau code de la route, en vigueur depuis le 1er février dernier, prévoit des amendes contre le piéton. Ce dernier est passible d'une «contravention» dès qu'il commet une «infraction» du genre traverser la route loin du passage pour piétons ou bien en empruntant, même pour quelques pas, la voie des automobilistes. La nouvelle réglementation, à dimension pédagogique selon la tutelle, vise à discipliner le comportement des citoyens concernés par la sécurité routière. La démarche ne serait pas totalement inopportune dans le sens ou des accidents mortels se sont produits à cause de ce genre de mouvement. Un piéton qui traverse en pleine autoroute peut provoquer un carambolage. L'application de cette réglementation reste néanmoins très discutable puisque beaucoup de mesures d'accompagnement ont été oubliées par les concepteurs de cette législation. L'autorité est bien dans son rôle quand elle veille à ce que le piéton ne «joue» pas sur la chaussée. Il faudrait néanmoins en convenir que le piéton n'abandonne pas son trottoir pour le plaisir de le faire. Il se retrouve à côtoyer les véhicules malgré lui car les trottoirs sont devenus un espace qui appartient à tous le monde sauf au piéton. Dans la majorité des chefs-lieux, les trottoirs sont squattés par des commerçants qui ont fini par transformer des espaces publics en lieux privés. Dans certains cas, il est difficile pour le piéton de respecter la règle puisqu'il est obligé de passer sur la voie automobile pour la simple raison que le trottoir a été «barricadé» par un commerçant qui étale sa marchandise. Le nombre de passages piétons existants n'est pas aussi de nature à contribuer à la sécurité routière. Des spécialistes de la sécurité routière, ainsi que des agents de l'ordre, relèvent que le nombre de passages piéton demeure très faible, comparativement à l'évolution de nos villes en matière de population. Ce qui évidemment ne justifie en aucun cas la tendance des citoyens à s'aventurer en traversant la route au péril de leur vie. Dans certaines agglomérations, ce sont les passerelles qui font défaut, y compris à proximité des établissements scolaires où les écoliers traversent la route. Beaucoup d'écoliers ont été ainsi fauchés par des automobilistes qui roulaient à grande vitesse. L'autre sanction infligée au piéton réside dans l'implantation anarchique des panneaux publicitaires qui l'empêchent de circuler à l'aise. A ce niveau, les autorités locales ne se posent pas la question sur le bien-être des citoyens quand il s'agit d'encaisser le jackpot de la publicité. En termes de sensibilisation et de vulgarisation de la nouvelle réglementation, les autorités semblent faillir à leur mission puisqu'aucune activité n'a été lancée dans ce sens. Les conducteurs comme les piétons ont été d'ailleurs surpris par des interpellations de policiers évoquant le contenu du nouveau texte. C'est dire en définitive que la mise en vigueur de la nouvelle réglementation du code de la route n'a pas été accompagnée des mesures nécessaires à même de ramener les résultats attendus. La communication vient encore une fois d'être sacrifiée par nos institutions. Même quand il est question de vie ou de mort.