Alger abritera les 2 et 3 mai prochain la 4e session de la commission mixte algéro-émiratie. Une réunion bilatérale, présidée par les ministres des Finances et de l'économie. Seul mot d'ordre, concrétiser sur le terrain de l'investissement la volonté politique impulsée aux relations bilatérales. Si aux plans politique et diplomatique, les relations entre Alger et Abou Dhabi sont, outre leur caractère historique, au beau fixe depuis des décennies, la seule fausse note reconnue, de part et d'autre, est sans conteste la faiblesse des échanges économiques et de l'investissement au vu des potentialités importantes offertes autant par l'Algérie que par la fédération émiratie. De 1999 à 2006, le niveau des échanges est relativement faible. La facture algérienne d'importation en provenance des Emirats arabes unis s'élève, selon les statistiques du Cnis, à un peu plus de 23,6 millions de dollars avec des exportations qui n'excèdent pas 899 000 dollars. Pas moins d'une dizaine de missions de prospection ont été effectuées par des hommes d'affaires émiratis en Algérie depuis 1999 sans qu'il y ait réellement transformation des intentions en actes d'investissement. La Chambre de commerce et d'industrie de Dubaï avait même invité les hommes d'affaires émiratis à prendre part à des projets d'investissement et de partenariat en Algérie. Notamment dans les secteurs de la construction, de la cimenterie, de l'industrie mécanique, agroalimentaire et pharmaceutique. Le 6 mars dernier, le ministre émirati des Affaires étrangères était à Alger. Reçu par les plus hauts responsables de l'état, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nehiane avait affiché l'intérêt que porte son pays “pour l'investissement en Algérie, notamment dans les domaines de l'énergie et des mines”. L'ouverture du capital d'Algérie Télécom intéresse également le groupe Etisalat, le leader du marché des télécommunications aux Emirats arabes unis. Deux accords pour l'encouragement de l'investissement et la non-double imposition ont été ratifiés par les deux pays. Abdelaziz Bouteflika n'avait pas ménagé ses efforts pour attirer l'investissement étranger en Algérie, principalement celui des monarchies du Golfe. Les Emirats en premier. Cette politique s'appuyait sur deux vecteurs. L'un étant que l'Algérie a recouvert sa solvabilité financière. L'autre étant que la fédération est aujourd'hui l'un des plus importants pourvoyeurs d'IDE dans le monde. Les liquidités émiraties, générées par les cours du pétrole, mais également par la transformation extraordinaire de ce pays en véritable plaque tournante de l'économie mondiale en font un acteur international incontournable en matière de financement. Aucun territoire n'échappe à l'investissement des “tigres du Moyen-Orient”. Même pas le rachat des ports américains. Il semblerait que la restructuration actuellement en cours des ports algériens est suivie de près par les hommes d'affaires émiratis. Les EAU constituent aussi une base de réexportation extraordinaire. Les opérateurs économiques algériens connaissent parfaitement le principal fleuron de la fédération, Dubaï, certains analystes n'hésitant pas à la comparer à Hong-Kong. Exit Istanbul et Damas. Aujourd'hui, aucun importateur, qu'il travaille légalement avec un agrément d'importation en bonne et due forme, ou qu'il pratique l'informel grâce aux “cabas” et “containers” ne peut faire l'impasse sur Dubaï. Les importations de terminaux téléphoniques, fixe ou mobile, tous constructeurs confondus, proviennent de Dubaï. Il en va de même pour l'habillement, l'électroménager et les biens de consommation directe. Et ce, d'autant que Dubaï procure aux importateurs un avantage certain, celui de la non-imposition. Tout ce qui s'achète et se vend sur ce territoire est hors taxe. Malgré les facilités offertes par la législation algérienne et les opportunités d'investissement, les hommes d'affaires émiratis craignent principalement les lourdeurs bureaucratiques et administratives. Un frein à l'investissement que les Emiratis, pourtant intéressés par l'Algérie, ont maintes fois avancé comme argument irréfutable auprès des plus hautes autorités de l'Etat. Il faudra attendre pour savoir si cette volonté politique affirmée est à même de transformer aujourd'hui la connexion informelle Alger-Dubaï, en ligne directe Abu Dhabi-Dubaï-Alger. Samar Smati