Ces fiches ont pour vocation de restituer le parcours et les états de service des Patriotes afin de leur octroyer une pension conséquente. Les secteurs militaires des différentes régions militaires s'apprêtent à distribuer des fiches d'évaluation aux Patriotes où seront mentionnés leur parcours ainsi que leurs états de service et ce, dans le but de leur octroyer une pension conséquente. Cette mesure est un premier pas visant la réhabilitation de ces hommes ayant bravé la mort durant les années de terrorisme. Selon Mohamed Louzri, président de la commission sociale et juridique de l'association des Patriotes de la Mitidja, ces formulaires comportent également des questions sur les conditions de vie des Patriotes et de leur famille ainsi que sur leur état de santé. Par ailleurs, les résistants sont invités à faire connaître leurs besoins. “Le traitement sera différent, selon chaque catégorie”, explique M. Louzri. Avec 200 de ses compagnons de la Mitidja (une région qui recèle 6 000 Patriotes sur 80 000 dans tout le pays), il avait lancé, il y a quelques semaines, un cri de colère et de désespoir à l'endroit des pouvoirs publics, exigeant attention et reconnaissance des sacrifices consentis dans une guerre sans merci contre les groupes armés. C'était au début du mois d'avril dernier. Au cours d'une réunion au détachement de Boufarik, les Patriotes avaient convenu de se faire entendre en initiant une marche vers la capitale. Cette manifestation devait avoir lieu le 2 mai et être élargie aux résistants des autres wilayas. L'appel a trouvé écho auprès des Patriotes de Chlef, Médéa, Batna, Alger et de Tipasa (Ténès). Tous étaient prêts à battre le pavé afin de sortir de l'isolement et briser le mur de l'indifférence qui les entoure. Sauf que les assurances du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, sont intervenues entre-temps et ont tempéré leur ardeur. La promesse faite par les deux responsables de l'Etat quant à la prise en charge des revendications des Patriotes semble être, cette fois-ci, un engagement sérieux compte tenu de la célérité avec laquelle l'armée a été instruite pour les recenser et les rétribuer. En guise de prélude, les salaires en suspens depuis plus de deux mois viennent d'être versés aux effectifs opérationnels. Pour éviter la dispersion des rangs et maintenir la mobilisation à son point fort, les chefs Patriotes de la Mitidja, dont Boualem Zebich, coordinateur et Sellami Tahar, premier président de l'association, rejoints par des camarades de Chlef, ont tenu des réunions, dont la dernière a eu lieu vendredi dernier. Au cours de cette rencontre, les participants ont convenu de rencontrer le chef de la Ire Région militaire afin de lui exposer les doléances de leurs frères d'armes. “On doit leur trouver une solution”, indique M. Louzri. Que les Patriotes désarmés devenus chômeurs soient embauchés. Les autres, en prison, doivent retrouver leur liberté. “Un Patriote de Chlef est sous mandat de dépôt depuis des mois, car il a défendu l'honneur de sa famille”, relate M. Louzri. Encore abasourdi par ce retournement de situation qui fait que les terroristes sont élargis, sans jugement ni pénitence, il ne comprend pas, par ailleurs, que la France coloniale ait rapatrié les harkis et leur famille pour services rendus à la nation, alors que les résistants au terrorisme sont jetés aux orties. SAMIA LOKMANE