Depuis quelques mois, Bouira a renoué avec la violence terroriste. La psychose semble couver dans les villages et la hantise d'un passé tumultueux plane sur cette wilaya ayant subi les affres de la barbarie plusieurs années durant. Bouira : De notre bureau La population locale ne décroche pas dès lors que des attentats, sporadiques certes, mais phénoménaux, ont pu secouer la quiétude acquise après un temps d'accalmie relative. Les nouveaux procédés terroristes – attentats à la bombe, véhicules piégés et kamikazes – ont jeté l'émoi au milieu de la population qui redoute désormais des actions spectaculaires dont la faisabilité est visiblement facilitée par le relâchement constaté des services de sécurité, mais aussi du manque de vigilance des citoyens devenus – par la force des choses – peu regardants. Pour le commun des citoyens, les dispositions de la loi sur la concorde civile puis celle de la réconciliation nationale prônée par le président Bouteflika depuis 1999 n'ont pas manqué d'affecter les relations entre la population et les services de sécurité ; la conséquence directe est le déficit en renseignements. Le cas des patriotes et autres groupes d'autodéfense mis en veille accentue encore ce déficit dont les conséquences sont souvent vérifiées sur le terrain de la lutte antiterroriste. A cet état de dégradation des rapports en société, seul moyen servant de bouclier anti-propagande intégriste, s'ajoute la situation sécuritaire au niveau des différentes régions de la wilaya. A Lakhdaria, une région connue pour être le bastion des groupes terroristes les plus redoutables, l'on est déjà dans la situation qui prévalait durant les dures années 1990. Des phalanges terroristes affiliées aux hordes d'El Qaîda au Maghreb islamique sont signalées dans les maquis de Beggas, Lalla Moussaâd et du mont de Palestro, en extension de ceux de la région de Zbarbar, de Kadiria et de Aomar. A l'est de la wilaya, ce sont les maquis de Tamellaht (commune d'Ahnif) qui semblent voler la vedette avec, en prime, des actes sporadiques commis ici et là, mais surtout des mouvements de terroristes signalés dans plusieurs endroits de cette région. Autant dans la commune de Saharidj, au nord de M'chedallah, où des sources généralement bien informées parlent de présence terroriste en plusieurs endroits ; nos sources parlent même de terroristes non fichés et inconnus des services de sécurité qui se seraient investis dans la subversion. Autant d'éléments corroborant la thèse d'un retour de la nébuleuse terroriste qui serait en phase de redynamisation de ses réseaux dormants. Des actes qui appellent à la vigilance De là, faut-il noter que les attentats kamikazes souvent interprétés comme étant des signes de faiblesse des hordes sanguinaires, tendent à laisser place aux actes terroristes conventionnels, dont les plus spectaculaires sont, sans conteste, l'assassinat d'un garde communal, la semaine écoulée, au lieudit Tizi Oujaboub (commune d'Ath Laâziz) et l'attaque contre un détachement de la garde communale stationné au village Tikesraï (commune d'Ahnif) au mois de juin dernier. Les attentats à la bombe sont devenus le lot quasi permanent de la région de Bouira, où Lakhdaria est en passe de décrocher la palme d'or. Les initiés expliquent ce regain d'attentats à la bombe dans cette région par l'existence d'une filière spécialisée dans la fabrication de bombes artisanales à ce niveau. C'est cela même qui explique, du moins en partie, les différents attentats à la bombe perpétrés dans la région Lakhdaria-Kadiria-Aomar. A titre d'exemple, on cite l'attentat survenu durant le mois de février 2007 au stade communal de Lakhdaria, celui perpétré au cours du mois de mars dernier ciblant un convoi militaire au lieudit Tizi Lbir et enfin les deux bombes d'Aomar du 28 juillet dernier. La découverte d'une cache où l'on avait récupéré un lot important de bonbonnes de gaz butane à Aomar, n'en est qu'une preuve de plus sur l'existence de cette filière d'artificiers. Cela s'ajoute bien évidemment aux attentats kamikazes jusque-là circonscrits à la région de Lakhdaria, avec en prime un nombre important de victimes. Le dernier en date remonte au 22 juillet dernier où un forcené avait foncé avec sa motocyclette sur un convoi militaire au lieudit Garbes (Lakhdaria), causant des blessures à 13 militaires. L'autre attentat, le premier du genre dans cette région, est celui ayant eu lieu, un certain mercredi 11 juillet 2007, où un camion bourré d'explosifs avait foncé droit sur un campement militaire implanté au lieudit Zbarboura, à 2 km à l'est de Lakhdaria. Bilan : 8 morts et 23 blessés. Le même campement militaire avait fait l'objet, rappelons-le, la semaine écoulée, d'un attentat à la bombe faisant un mort et un blessé parmi les militaires. L'autre attentat, ciblant cette fois un convoi de travailleurs étrangers travaillant pour la société française Razel, sur la route menant de Lakhdaria à Maâlla et causant des blessures à cinq éléments de l'escorte (des gendarmes), un civil et trois étrangers, dont un Italien et deux Français, avait eu lieu le 21 septembre. Des actes qui, pour le moins que l'on puisse dire, rappellent bien que la situation ne prête plus à la quiétude. Ceux-là même qui ne manquent pas d'appeler à plus de vigilance dans cette région où les réseaux dormants et plus ou moins actifs sont une réalité à ne pas négliger. Pour preuve, durant la dernière session criminelle, la cour de Bouira avait eu à traiter près d'une cinquantaine d'affaires liées au terrorisme.