Le président de la République, en sa qualité de premier magistrat du pays, vient de signer un décret portant mise à la retraite d'une dizaine de juges, 7 officiant à la Cour suprême et 3 au Conseil d'Etat. Le président de la République, en sa qualité de premier magistrat du pays, vient de signer un décret portant mise à la retraite d'une dizaine de juges, 7 officiant à la Cour suprême et 3 au Conseil d'Etat. Selon des sources judiciaires, les concernés sont arrivés au terme de leur carrière. “Ils ont été remplacés par des magistrats de même grade et avec la même expérience”, se contentent de révéler nos sources sans plus de précisions. Le lifting visant ces plus hautes instances judiciaires du pays a commencé l'année dernière avec le limogeage de 21 juges par le garde des Sceaux, Tayeb Belaïz. L'inertie distinguant les deux institutions est à l'origine de cette opération de nettoyage. Réputés pour être la voie de garage des justiciables, la Cour suprême et le Conseil d'Etat croulent sous les affaires. À l'ouverture de l'année judiciaire en septembre dernier, Mohamed Boutaren, premier président de la Cour suprême, révélait que 26 000 dossiers étaient toujours en instruction. D'autres voix évoquent plus de 80 000 affaires pendantes dont les plus anciennes sont enrôlées depuis six ans. De son côté, Fella Henni, présidente du Conseil d'Etat, avait avancé le chiffre de 10 000 affaires non encore jugées. Or la réforme de la justice ne peut s'accommoder d'autant de retard et d'atermoiements. Si les juridictions primaires ont accéléré la cadence à travers le traitement plus rapide des dossiers, les hautes cours d'appel demeurent à la traîne. Pourtant, il leur incombe le traitement de dossiers souvent très lourds. Le dernier en date concerne Mohamed Bouricha, ancien wali de Blida. Accusé de dilapidation de deniers publics, d'abus de pouvoir et de corruption, l'ex-wali n'est toujours pas jugé. L'enquête, dévolue à un magistrat instructeur de la Cour suprême, n'est toujours pas achevée, alors que les conclusions du dossier pris en charge auparavant par la cour de Blida ont atterri à l'institution de M. Boutaren, il y a plus d'un mois. “Ce n'est pas 10 magistrats qu'il fallait mettre à la retraite, mais 90% des effectifs”, observe un avocat. Selon lui, les tares caractérisant les magistrats des juridictions primaires sont les mêmes qui distinguent leurs pairs des instances supérieures. “Les conseillers se réunissent une fois par mois au siège de la Cour suprême. Le reste du temps, ils préfèrent rester chez eux sous prétexte que le traitement des affaires y est plus propice.” Notre avocat ne manque pas de signaler que la corruption gangrène aussi le corps des hauts magistrats. Pour toutes ces raisons, les purges se poursuivent. Un mouvement plus important des juges est attendu pour le début de cet été. Samia Lokmane