La demeure familiale des Haddad à Timlouka, à l'entrée de la ville d'Azeffoun, ne cessait hier encore, au troisième jour du kidnapping de leur fils Meziane, d'accueillir de nombreux citoyens venus exprimer leur solidarité à la famille et s'informer davantage de la situation. Parmi eux, il y avait des voisins, des proches, des amis et des inconnus. Les discussions étaient très timides. C'est presque le silence. Tout le monde avait les traits tirés. La tristesse se lisait sur tous les visages. À Timlouka, on attend le retour de celui qu'on considère en raison de sa bonté et de sa générosité comme le “Coluche” d'Azeffoun. On parlait surtout de l'information donnée par la presse sur la rançon de 25 milliards exigée par les ravisseurs de Meziane. “On n'a rien entendu à ce sujet avant de l'avoir lu, surpris, dans la presse ce matin”, nous dira un proche de la famille, la quarantaine. “Personne n'a parlé jusque-là d'un quelconque contact entre les ravisseurs et la famille Haddad, ce sont des rumeurs”, ajoute-t-il. À l'entrée de la ville d'Azeffoun, à quelques encablures de la maison des Haddad, des jeunes disent pourtant avoir eu vent de cette information avant même qu'elle soit rendue publique par les journaux. Mustapha, le gérant d'un café, était là pour le confirmer. “J'ai entendu parler de cette rançon hier, vendredi, ici dans ce café”, nous dira-t-il avant de rappeler l'atmosphère qui y régnait comme dans toute la région d'Azeffoun à l'annonce du rapt. “Tout le monde ici à Azeffoun adore Meziane, et aujourd'hui tout le monde est triste. Il avait les moyens pour partir, mais il est resté ici dans sa région où il travaille sans répit ; il est aux côtés de tout le monde lorsqu'on a besoin de lui”, ajoutera-t-il. Les citoyens s'interrogent sur l'identité des ravisseurs de Meziane. Un élément semble les intriguer sérieusement. Un jeune gardien dans la sablière des Haddad, dans les environs de Fréha, a été assassiné quelques instants après le rapt. Selon leurs dires confirmés ensuite par les services de sécurité, des individus lui ont “rendu déjà visite” juste avant le rapt et auraient demandé après Meziane. “Ce jeune les avait certainement reconnus”, nous dira un autre jeune qui, même si la piste terroriste reste privilégiée par les services de sécurité, croit plutôt à une œuvre de la grande mafia. “Ce sont des gens bien informés, car ils savent que sans sa signature, aucun sou ne sort de leur entreprise”, ajoutera-t-il espérant toutefois, comme tout le monde à Azeffoun, que cet homme sera libéré. Pour le moment, Azeffoun reste dans l'expectative et l'espoir de revoir vivant celui que tout le monde voit comme un proche. Samir Leslous