Le kidnapping qui a tenu en haleine toute la région de Tizi Ouzou depuis mercredi dernier a connu un dénouement heureux avec le retour de Meziane Haddad auprès de sa famille, dans la nuit de samedi à dimanche. Il a été relâché dans les environs d'Azeffoun, après quatre jours de captivité. L'enlèvement a eu lieu mardi dernier, vers 20h, sur la route reliant Fréha à Azeffoun. Cette affaire a connu un retentissement considérable dans la région eu égard au poids économique de la famille Haddad, à la tête de plusieurs entreprises performantes, notamment dans le secteur des travaux publics. Au lendemain de la libération de l'otage, le mystère demeure entier quant à la question du paiement de la rançon demandée par les ravisseurs et à l'identité de ces derniers. Ni la famille ni les services de sécurité ne se montrent disponibles à évoquer l'aspect matériel de l'affaire. L'opinion publique est restée sceptique quant aux chiffres avancés au lendemain du rapt. Des sources informelles avaient évoqué le montant de 25 milliards de centimes, une somme matériellement impossible à mobiliser en une journée, vu que la durée du kidnapping a chevauché le week-end. Il demeure vraisemblable, aux yeux des citoyens, que le dénouement de ce genre d'affaire passe par la satisfaction de certaines exigences des ravisseurs, comme cela a eu lieu dans les précédents actes similaires, mais de moindre importance. Cela étant, la question de l'argent ne focalisait nullement les propos hier à Azeffoun, et dans toutes les localités de la région, l'essentiel étant le retour de Meziane sain et sauf auprès de sa famille. Il est marié et père de trois enfants. Entouré de ses frères et des proches de la famille, il était présent hier devant la modeste résidence des Haddad, au village Tamlouka, à un kilomètre du chef-lieu d'Azeffoun. Des citoyens de plusieurs régions du pays étaient venus témoigner leur soutien et leur soulagement de voir la famille sortir de cette terrible épreuve. « Ils sont restés humbles après tout le succès qu'ils ont connu dans le monde des entreprises », nous dit un villageois de Tamlouka. En vérité, ce sont tous les villages de Kabylie qui témoignent une vraie reconnaissance au travail accompli par les Haddad dans la réfection des routes et le désenclavement des localités montagneuses. Si le groupe ETRHB s'est déployé dans divers secteurs d'activités, comme le tourisme ou l'automobile, c'est l'entreprise des travaux publics qui a marqué l'économie de la région. Le réseau routier a été remis à neuf en l'espace de quelques années, sans interruption aux pires moments du terrorisme et des derniers événements vécus dans la région. Pendant vingt ans, les autorités locales justifiaient l'incapacité à rénover les voies de communication, en dépit de la disponibilité des budgets, par l'inexistence des « moyens de réalisation ». Les autorités se complaisaient dans l'inaction, renvoyant les budgets, et condamnant des centaines de villages à l'isolement. L'avènement de l'ETRHB a mis un terme à l'inertie qui frappait la région en matière de travaux publics. La réfection des routes nationales, chemins de wilaya et communaux a métamorphosé la physionomie de la région et rendu possible le développement économique. « Haddad, c'est la Kabylie qui travaille », réalise-t-on ces derniers jours. L'on craint que le dernier kidnapping n'influe sur l'essor des entreprises locales, qui ont déjà connu un mouvement de délocalisation lors des événements de 2001. Face à la « Kabylie laborieuse », en plein désarroi, la grande criminalité, qui est passée en un an des hold-up des banques aux kidnappings, s'organise et évolue, quant à elle, dans un contexte de fragilisation du dispositif de sécurité.