Le Salon international du livre et de la presse a été inaugurée jeudi 27 avril 2006 en présence de Pascal Couchepin, chef du département fédéral de l'Intérieur, et de Charles Beer, conseiller d'Etat en charge du département de l'instruction publique de la République et canton de Genève. Cette année, l'Algérie est accueillie en tant qu'hôte d'honneur. Le stand s'est transformé l'après-midi en une véritable tribune de retrouvailles entre Algériens résidant en Suisse et les nombreux auteurs, présents, qui ont animé vendredi la première table ronde autour de la nouvelle littérature algérienne. Une rencontre qui a permis un échange franc entre les auteurs, en l'occurrence Yasmina Khadra, Anouar Benmalek, Mustapha Benfodil, Djamel Mati, Habib Ayyoub, Nassira Belloula et Lakhdar Mouagal. Ce dernier a présenté comme introduction au débat l'historique de la littérature algérienne née durant une période difficile, celle de la colonisation, et de la persévérance des premiers écrivains algériens qui a affirmé leurs identité et personnalité. Or, même si le débat a porté essentiellement sur cette nouvelle émergence de plumes, et des problèmes liés à l'édition, à la censure, à la confrontation entre les auteurs francophones et arabophones, questions abordées suites aux interrogations du public, Yasmina Khadra a préféré, pour sa part, occulter ces problèmes que rencontrent pourtant les auteurs algériens, en estimant que le véritable est ailleurs que dans l'édition. La censure ou la promotion. Préférant aborder ce qu'il a qualifié de la dispersion dans les rangs des intellectuels algériens en se référant sans doute à sa propre expérience, puisqu'il enchaîne que sa notoriété pose problème à certains auteurs algériens qui, pour ne pas les qualifier de [jaloux], ne comprend pas leurs positions. Yasmina Khadra qui n'est pas confronté aux problèmes de l'édition en Algérie et de tout ce qu'elle peut provoquer comme conflits et tracasseries, s'est encore une fois enlisé dans une histoire de reconnaissance, rappelant même que ses lecteurs sont majoritairement européens et que ses pairs ne le reconnaissent pas. Yamina Khadra sous-estime-t-il l'apport chaleureux que lui porte ses lecteurs algériens et de l'immense estime que lui portent non pas seulement ses lecteurs mais la presse algérienne également ? En comparaison avec Boualem Sansal qui lui peut aborder cette histoire de [mal-aimé] en toute légitimité. Ceci dit l'immense talent de Yasmina Khadra peut lui permettre de focaliser sur sa personne mais l'auteur de l'Attentat devra dépasser ce stade car si Rachid Boudjedra a, rappelons-le, par le passé porté un jugement de valeur sur sa personne, cela n'implique nullement que les auteurs algériens ou intellectuels algériens le dénigrent, tout au contraire, Yasmina Khadra a une notoriété incroyable auprès des Algériens. Anouar Benmalek aussi a abondé dans le sens de Yasmina Khadra en parlant de censure non pas d'une manière générale mais en mettant en avant sa propre expérience, rappelant que son livre l'Année de la putain a été refusé par la commission chargée de choisir les titres qui devront être traduits pour l'Algérie capitale de la culture arabe. Or, le malentendu réside dans l'impossibilité de traduire le titre vers l'arabe, d'où le choix d'un autre titre de Anouar Benmalek, explications données par un membre de la commission. N. B.