Face aux entraves multiformes des autorités, la répression, la globalisation, rien de plus salutaire pour les syndicats autonomes que l'élaboration d'un pacte à même de jouer le rôle de fédérateur et seul moyen d'imposer les libertés syndicales et d'arracher des acquis sociaux : voilà le vœu exprimé presque à l'unanimité par les participants au forum sur les libertés syndicales organisé par le front des forces socialistes (FFS) à l'occasion de la fête internationale du travail hier à Alger. Le Cnapest, conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, le CLA (conseil des lycées d'Alger), le CNLS (comité national des libertés syndicales), pour ne citer que ces syndicats ainsi que le FFS ont unanimement admis que la création d'un cadre fédérateur, sur la base d'un “pacte de valeurs” à défendre, reste le seul garant de la liberté et de la défense des droits des travailleurs. Dans son intervention, en guise d'hommage aux travailleurs, le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, a estimé que l'UGTA n'est plus représentative des travailleurs au regard de la montée, un fait désormais avéré, des syndicats autonomes. Laskri a plaidé pour l'adoption par les diverses structures qui activent sur la scène autant politique que syndicale d'un “cahier des charges commun”, mais dans le respect des différences. “Respectons l'autonomie, l'intégrité et la dignité de chacun et de tous. Gardons-nous et des rassemblements racoleurs sans contrat clair et des singularisations dogmatiques déconnectées du réel. Nous nous devons l'élaboration d'une langue commune qui dira des actions communes”. “Il s'engage (le FFS, ndlr) à œuvrer à la convergence contractuelle entre la société civile et la société politique tant au niveau de la réflexion, que de la logistique et de l'action”, a-t-il ajouté. Comme attendu, il a réitéré la panacée aux yeux du FFS, la revendication chère au parti, à savoir la constituante. Nouvelle figure montante du syndicalisme, le Dr Besbes s'est lui étalé sur le pacte social envisagé par les autorités. Un pacte dont il n'omet pas de rappeler qu'il exclut les syndicats autonomes. “Le pouvoir veut acheter la paix sociale (…) Il veut une reddition sociale avec la complicité de certains syndicalistes”, a-t-il asséné. Face à la globalisation de la paupérisation, le responsable du CNLS propose une globalisation de la lutte. Autre figure émergente, Redouane Osmane, du CLA. Selon lui, “les partis politiques doivent accompagner le mouvement de la société”, car les rapports de force sont aujourd'hui d'ordre politique. Si le représentant du Cnapest trouve qu'il n'y a pas de “honte” à travailler avec les partis et que la travail au plan international est “nécessaire”, le représentant du Satef, lui, estime qu'il faut une force syndicale, sinon l'Algérie risque d'aller “vers une explosion”. Il faut organiser une conférence sociale, un pacte de valeurs à défendre. Enfin, Mahmoudi Karim, président de la Confédération des finances, a plaidé “pour l'union dans la différence”. Quant à Djedai, il a suggéré “la convergence dans l'action”. “Il faut aller vers un forum social”, a-t-il dit. KARIM KEBIR