Le secrétaire général de l'Association des bijoutiers annonce un chiffre de 200 agressions par an. Pour lui, l'absence de sécurité a considérablement contribué à la chute du chiffre d'affaires des bijouteries ; il demande aux pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour sécuriser cette corporation. Officieusement, les bijoutiers algériens sont victimes, en moyenne, de plus de 200 attaques à main armée qui occasionnent, annuellement, plusieurs morts dans leur rang. C'est ce que nous a affirmé M. Dani Kouider, le secrétaire général de l'Association des bijoutiers algériens (ABA). Au-delà des statistiques macabres, c'est toute une profession qui se dit touchée dans sa chair, car elle se considère oubliée, voire marginalisée par les pouvoirs publics. À Oran, la comptabilité des actes de violence commis contre les bijoutiers ne cesse de s'amplifier. En l'espace d'une dizaine de jours, l'avenue Choupot, une artère commerçante, a été le théâtre de deux hold-up contre de paisibles bijoutiers. Si la première attaque, œuvre d'une bande organisée, avait mis en émoi le quartier et la ville par extension à cause des blessures infligées au bijoutier, un sexagénaire, la seconde s'est soldée par l'arrestation de l'agresseur par des policiers en patrouille. Cette avenue semble être une cible privilégiée des malfaiteurs, puisque, outre les deux vols de ces quatre premiers mois de 2006, on en a enregistré quatre pour la seule année écoulée. Ainsi, depuis un an, ce sont plus de 20 bijoutiers qui se sont fait braquer en plein jour à Oran. La géographie des vols englobe pratiquement tous les quartiers de la cité et aucun commerce ne se sent en sécurité. La rue Larbi-Ben-M'hidi, le cœur même de la ville, a acquis à son corps défendant, au fil des ans et des violences, une réputation de dangerosité, et ce sont pratiquement cinq bijoutiers, en l'espace de trois ans, qui ont décidé de changer d'activité après avoir essuyé de violentes agressions. Pour M. Dani, l'absence de sécurité a grandement contribué à la chute de leur chiffre d'affaires, il se désole de la situation actuelle qui fait que le bijoutier se retrouve souvent seul face à des individus qui n'hésitent plus à tuer pour ne pas laisser de témoins derrière eux. “On ne dispose que d'un système d'alarme pour déclencher la sirène en cas d'attaque. Certains bijoutiers se sont équipés d'un réseau de vidéosurveillance et d'autres de portes électriques, mais cela reste insuffisant devant la détermination des voleurs”. Et d'ajouter en faisant un comparatif avec leurs homologues étrangers : “Ailleurs, tous les bijoutiers possèdent des pistolets d'alarme alors que la législation, chez nous, nous défend de nous équiper en armes défensives. Il nous est même interdit de disposer de bombes lacrymogènes. Que peut faire une batte de base-ball contre une arme blanche brandie par un agresseur stimulé par des psychotropes”. SAID OUSSAD