La décision sera, estime le ministre, entérinée prochainement. La distribution de l'eau 1 jour sur 2 sera certainement appliquée incessamment, mais les plages horaires diminueront. C'est du moins ce qui a été annoncé, hier, par le ministre des Ressources en eau. “De l'eau H24, ce n'est pas pour demain”, a-t-il tenu à préciser. Pour M. Attar, le spectre de la sécheresse est toujours présent, d'où la nécessité d'être prudent. Si l'Algérie a vécu les trois mois les plus pluvieux depuis 1960, il n'en demeure pas moins que les réserves sont en deçà des quantités souhaitées. Les récentes statistiques indiquent un taux global de 52,5% seulement. La région de l'Est a enregistré un taux de 85%, alors qu'à l'Ouest et au Centre, les réserves n'ont pas dépassé les 39%. Pis, le volume des 23 barrages de l'Ouest est actuellement inférieur à ceux enregistrés en 2002 et en 2001. Les faibles capacités de ces barrages, faut-il le souligner, n'ont pas contribué à la récupération de toutes les réserves. A ce problème, il faut ajouter l'état lamentable du réseau de distribution qui touche toutes les régions du pays. La réhabilitation des réseaux constitue l'une des priorités auxquelles s'attelle le ministère. L'une des contraintes et non des moindres à laquelle fait face la tutelle reste l'absence totale de coordination entre le terrain et l'administration centrale, y compris entre les directions centrales elles-mêmes. Dans son allocution, M. Attar a indiqué que les projets inscrits dans le cadre du Programme des communes décentralisé (PCD) ne font l'objet d'aucune concertation entre les responsables concernés. Parfois, les directions centrales ne sont même pas informées. Il a cité, à titre d'exemple, le petit barrage implanté à Tlemcen. “C'est un projet inutile lancé sans que les responsables hiérarchiques soient mis an courant.” Il illustre la mauvaise gestion de ces projets, par la construction d'une retenue collinaire à Djelfa, fin prête, tandis que les structures d'accompagnement ne sont jamais réalisées. Une manière de dire aux responsables, à tous les niveaux, d'opter pour des projets intégrés. Les retards flagrants qu'accusent les directions de wilaya dans la réalisation des ouvrages ont été, en outre, mis en exergue par M. Attar. De 1993 à ce jour, la station de traitement des eaux du barrage d'El-Agrem n'est pas encore opérationnelle. Neuf années de retard est, semble dire le ministre, intolérable. Les DHW (Directions de l'hydraulique de wilaya) qui disposent d'un impressionnant effectif estimé à 7 800, soit 160 personnes par wilaya, n'ont pas su utiliser ces potentialités humaines. Leur comportement est, selon le ministre, beaucoup plus administratif, voire bureaucratique, et ne répond pas à une logique de gestion technique et de management. L'activité de l'hydraulique agricole reste encore négligée par les responsables concernés alors qu'il faut affecter, avoue le ministre, près de 80% des ressources à l'irrigation. En Algérie, la période de sécheresse a poussé les gestionnaires à concentrer leurs efforts surtout sur les l'alimentation en eau potable (AEP) des populations. Le gouvernement a également demandé au département de M. Attar de réaliser au moins 1 000 retenues collinaires dans les plus brefs délais. Aux wilayas, donc, de proposer des sites où seront concrétisés ces projets afin de pouvoir mobiliser un maximum de volume d'eau. Parmi les actions que compte mettre en œuvre prochainement le ministère, on note le nouveau statut de l'Agence nationale des barrages (ANB) qui deviendra désormais Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT). La réunion des DHW a permis au ministre de rappeler à ces derniers leurs prérogatives telles que leur opposition à tout programme d'habitat en zones inondables ou en l'absence d'un plan de réseaux AEP/assainissement adéquat. Il a par ailleurs mis l'accent sur l'indispensable transparence dans l'exercice de toutes les activités. “Vous êtes autorisés à critiquer tout le monde, y compris le ministre lui-même”, s'est-il adressé aux DHW. B. K.