Plus le prix payé augmente, plus le produit est imité à la perfection. Les produits cosmétiques constituent le gros de la contrefaçon en Algérie. Ce genre de trafic s'industrialise dans notre pays. Des trafiquants algériens passent leurs commandes à des contrefacteurs en Chine, leur demandant une imitation de produits fabriqués en Algérie, a-t-on appris d'un spécialiste des services du contrôle. Le volume de la contrefaçon sur le produit commandé diminue au fur et à mesure que le prix proposé par le client algérien augmente... En termes plus clairs, l'imitateur peut fabriquer un produit identique à l'original pour peu que le client algérien mette le prix qu'il faut. Par exemple, des produits ENAD et BCR sont expédiés à cette fin en Chine. En dépit des mesures réglementaires et institutionnelles prises par les pouvoirs publics, ce phénomène dévastateur n'a jamais été atténué un tant soit peu. La direction du commerce d'Alger transmet, actuellement, à la tutelle, des bilans mensuels et trimestriels sur deux produits principaux, à savoir la robinetterie et les lampes. Le seul indicateur de la contrefaçon pour les contrôleurs reste le prix pratiqué. On trouve souvent sur le marché des produits de marque… mais à de bas prix. L'Entreprise des ciments et dérivés d'Ech-Cheliff (ECDE) a été surprise, il y a quelques mois, de trouver sur le marché un ciment conditionné dans des sacs contrefaits. Ces sacs, facilement identifiables, sont de dimensions moins larges et loin de contenir le poids normalisé de 50 kilogrammes. L'Entreprise nationale de l'industrie de l'électroménager (Eniem) a constaté, elle aussi, que des revendeurs de climatiseurs assimilent la marque Eniem à d'autres (marques) n'ayant aucune relation avec sa production. La SNTA a été perturbée par la persistante menace imposée par le secteur informel. Celui-ci a été animé par les nombreuses contrebandes, dont les barons activent en toute quiétude, notamment à travers les filières sahariennes telles que le Niger et le Mali. Dans ce pays, d'importants lots de cigarettes de marque Rym sont contrefaits. Des produits BCR contrefaits en Chine La société dénonce la concurrence déloyale qu'endure son paquet “Rym cartonnée” et “Rym souple”, pratiquée par une autre cigarette de “mauvaise qualité”. La société nationale BCR a été ciblée par ces trafiquants dont la manœuvre consistait à importer, à partir de Chine, des produits d'imitation frappés de la marque BCR, avant d'être frauduleusement introduits sur le marché domestique et dilués dans les circuits commerciaux. Devant cette situation préoccupante, l'Etat a procédé à une révision de la réglementation en la matière. L'ordonnance n°03-06 du 29 juillet, relative aux marques, vient… tenter de mettre de l'ordre dans ce domaine. Depuis le début de l'année, la Direction du commerce d'Alger a reçu une vingtaine de plaintes d'opérateurs économiques publics et privés dénonçant ce fléau. Il est admis que la contrefaçon soit une réalité nouvelle en Algérie, mais le danger représente une menace sérieuse pour la sécurité du citoyen et de l'économie nationale. Ce malheur, qui s'abat sur les pays aussi bien développés que ceux en voie de développement, est estimé à près de 15% du marché mondial, soit environ 400 milliards de dollars US. L'Algérie subit d'une manière flagrante ce fléau sans pouvoir, toutefois, glaner des informations et autres statistiques afin de l'appréhender au mieux. Il représente, selon certaines sources, plus de 7% du marché algérien. L'ouverture du marché sans garde-fou a, faut-il le rappeler, favorisé l'émergence de ce trafic à grande échelle. Il est à noter que les modes et procédures de la contrefaçon s'améliorent au même titre que le développement technologique des produits fabriqués ! De nos jours, il est difficile de reconnaître le vrai du faux produit. En effet, le second rivalise réellement avec le premier… Les systèmes de fraude sont ainsi développés régulièrement dans des laboratoires souvent inconnus. Pour rappel, il a été constaté que 41% des produits contrefaits viennent de l'importation, 18% de la production locale et 41% de la contrebande. Ce phénomène est partagé par plusieurs continents, à raison de 39% pour l'Europe, 53% pour l'Asie et 8% pour les pays arabes. Le classement des pays asiatiques met la Chine au premier rang avec 10%, la Turquie 5%. La Syrie, l'Egypte et Dubaï sont également considérés comme des plaques tournantes du trafic. Parmi les 309 familles de produits contrefaits, 11 appartiennent à la pièce de rechange. Il y a lieu de préciser que le phénomène a pris des proportions aussi alarmantes à cause, en partie, de l'inexpérience des agents chargés du contrôle. Le ministère du commerce, pour ne citer que cet exemple, dispose de 3 500 inspecteurs, mais dont la majorité est spécialisée dans l'agroalimentaire. La contrefaçon dans la pièce de rechange, pour certains, est un domaine qu'ils découvrent pour la première fois. Face à l'ampleur du phénomène, le ministère du Commerce envisage de créer, durant l'année 2006, un laboratoire d'essais qui permettra de détecter les produits contrefaits et ceux conformes aux normes. Un instrument qui parait insuffisant face à l'étendue de la fraude sur les marques en Algérie. Badreddine K.