Dans ces deux royaumes du commerce illégal, contrefaçon et contrebande s'entremêlent. Reportage. La contrebande et la contrefaçon font rage dans notre pays. La commercialisation de différentes marchandises, parfois impropres à la consommation, perdure. D'après les chiffres officiels, la contrebande a rapporté aux réseaux de la distribution des centaines de milliards de DA en 2008. Rien qu'à travers les villes de Sétif, El-Eulma et Tadjenant qui écoulent les marchandises d'une proportion importante d'“importateurs” et vers tous les coins du pays même les plus reculés, la contrebande fait perdre à l'Algérie des dizaines de milliards de DA et des milliers de postes d'emploi par an. Ces deux villes représentent un commerce florissant. Les commerçants qui y sont installés savent bien qu'ils baisseront rideau si les consommateurs, souvent alléchés par les prix concurrentiels, s'abstiennent d'acheter les produits généralement importés de Chine, de Taïwan, d'Indonésie et d'autres pays du monde. En 2009, les agents de contrôle sont arrivés à saisir une quantité importante de tabac à chiquer estimée à 80,6 tonnes, dont la valeur tourne autour de 35 millions de dinars, une grande quantité de pétards dont la valeur est estimée à 55 millions de dinars et pas moins de 3 000 cartouches de cigarettes Legend et Marlboro d'une valeur de 15 milliards de centimes. Au cours de l'exercice écoulé, les services des Douanes algériennes lors des différents barrages et contrôles de routine pour traquer les contrebandiers ont procédé à la saisie de marchandises contrefaites d'un montant de plus de 1 milliard de dinars. En 2008, une grande quantité de robinets, portant le label BCR usinés en Chine, a été saisie par les douaniers du port de Béjaïa. Ne se souciant guère de la santé et de la sécurité des citoyens, les pseudo-importateurs sont allés jusqu'à l'importation sur commande de pièces détachées et poêles à gaz qui ont mis en péril des vies humaines. Saisie de chauffe-bains contrefaits Dernièrement, les services de la Direction du commerce de Sétif sont parvenus à saisir une centaine de chauffe-bains de marque Junkers contrefaits. La contrebande touche des produits aussi divers que les pneumatiques, les fournitures scolaires, les téléphones portables, les meubles, les détergents, l'électroménager et les pièces de rechange sont les principales marchandises contrefaites alimentant plusieurs régions du pays. Des automobilistes affirment que certains représentants de concessionnaires automobiles utiliseraient des pièces de rechange contrefaites et les factureraient au prix de la pièce d'origine. Les cosmétiques, les CD, les cigarettes et le tabac à chiquer constituent le marché de prédilection de ce genre de trafic illégal. Tout est vendu et acheté. Les gros bonnets et des professionnels de la fraude utilisent de petits commerçants éparpillés un peu partout à travers tout le pays pour écouler leurs marchandises. Selon un cadre de la Direction du commerce de la wilaya de Sétif, sans la contribution des détenteurs de marques, il est très difficile de distinguer le produit original du produit contrefait. Le phénomène s'est tellement raffiné qu'il est difficile de distinguer la copie de l'original dans le commerce. Il peut même arriver que le consommateur paye plus cher une imitation. Chaque jour, des centaines de containers arrivent à El-Eulma et à Tadjenant, chargés de marchandises, le moins qu'on puisse dire de la “camelote”. À vue d'œil, certaines marchandises sont reconnues ne pas être originales. Les frontières algériennes, surtout terrestres, sont connues pour être de véritables passoires. Par ailleurs, des responsables du secteur du commerce estiment que les détenteurs de marques ne connaissent pas comment protéger leur label. “Jamais un producteur ne s'est plaint auprès de nous pour dénoncer que son produit est imité. Sans la collaboration des détenteurs de marques, les différents services de contrôle ne peuvent arriver à neutraliser les contrebandiers”, dira un responsable au niveau de la Direction du commerce de Sétif. “Heureusement que la contrefaçon n'est pas entre les mains des scientifiques sinon elle fera ravage”, conclut notre interlocuteur.