Selon des sources portuaires de la capitale, le nombre de clandestins, embarquant annuellement sur des navires algériens et étrangers, se chiffre par centaines. Le Tariq Ibn Ziad a connu un incident mi-cocasse, mi-dramatique, lundi dernier, à son arrivée au port de marseille. Le car-ferry de l'Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs (ENTMV) avait à son bord, trois passagers de plus. Les intrus sont des agents d'une équipe d'entretien, qui ont décidé de faire la traversée de la Méditerranée clandestinement. Une fois leur tâche accomplie, avant le départ du navire d'Alger, ils se sont dissimulés dans les entrailles de l'embarcation, à l'insu de leurs camarades, qui ont rejoint le quai sans eux. Aussitôt leur disparition constatée, le service de sécurité de l'ENTMV ainsi que les éléments de la Police des frontières, se sont mis à leur recherche. Les moindres recoins du bateau ont été fouillés. En vain. Ne voulant pas pénaliser les passagers, le commandant de bord, sur instruction de la direction générale, lève les amarres. 24 heures plus tard, à l'arrivée du car-ferry dans la cité phocéenne, les trois harraggas sont appréhendés. “Nos services les ont retrouvés dans la cheminée”, assure M. Halkoum, directeur général. Selon d'autres sources, leur interpellation a été effectuée par la police française. “Le Tariq Ibn Ziad accoste au quai n°11 du port de Marseille. C'est le quai le plus sécurisé. Or, un des trois clandestins a tenté de s'échapper en s'accrochant à l'une des amarres”, relatent-ils. Ils indiquent, par ailleurs, qu'en raison de cette découverte, les passagers ont dû patienter plusieurs heures avant leur débarquement. “Jusque tard dans la nuit, le car-ferry était toujours bloqué au port”, précisent nos sources. Ces allégations sont contredites par M. Halkoum qui affirme, pour sa part, que le bateau effectue des rotations normalement. “Le Tariq Ibn Ziad n'a aucun problème. Il arrivera demain (jeudi ndlr) à Alger”, dit-il. En revanche, son utilisation ainsi que d'autres navires par des passagers clandestins en partance vers des eldorados européens ou plus lointains, est une préoccupation sérieuse. Selon des sources portuaires de la capitale, le nombre de harraggas, embarquant annuellement sur des bateaux algériens et étrangers, se chiffre par centaines. De son côté, M. Halkoum tend à minimiser cette hémorragie en soutenant qu'ils sont à peine une dizaine attrapés chaque année sur ses car-ferries. “Nous menons une lutte incessante contre les infiltrations de clandestins”, observe le responsable. Cette mobilisation implique les services de sécurité des armateurs et de l'Epad, les garde-côtes ainsi que la PAF. Cependant, en dépit de ses barbelés, ses chiens de garde, ses patrouilles et ses nombreux postes de contrôle, le port est accessible. “Quelquefois, les jeunes clandestins bénéficient de complicité. Mais dans tous les cas, nous avons à faire à des téméraires qui ne reculent devant aucun obstacle pour accéder aux navires. Ils y entrent par différentes voies et moyens, à la nage (à travers la pêcherie), par la trémie menant vers la place du 1er-Mai, en accrochant des cordes au grillage…” “Ils ciblent les car-ferries, car ils connaissent leur destination (la France) et savent que la traversée ne sera pas longue”, explique un cadre de l'ENTMV. Samia Lokmane