L'échange d'informations en matière de lutte contre le terrorisme sera au centre des discussions. Guy Parayre, directeur général de la Gendarmerie française, est depuis vendredi dernier à Alger. Son séjour de quatre jours fait suite à une invitation de son homologue algérien, le général-major Ahmed Bousteïla, qui s'était rendu en visite à Paris il y a un an, presque jour pour jour. Le patron de la maréchaussée de l'Hexagone est accompagné d'une délégation composée d'un conseiller diplomatique ainsi que deux officiers de cabinet et de la sous-direction de la coopération internationale. Outre les entretiens qu'il aura avec ses hôtes de la gendarmerie nationale, des sources proches de cette institution révèlent qu'il sera reçu aux Taggarins par le ministre délégué à la défense, Abdelmalek Guenaïzia. La question sécuritaire, dans le cadre de la lutte antiterroriste, sera au centre de leurs discussions. Contrairement à ses prédécesseurs, le général d'armée Parayre est façonné dans une pure tradition militaire. Depuis 1947, il est le premier Saint-Cyrien à avoir été nommé (en 2004) à la tête de la gendarmerie. Le locataire de la place Beauvaux, Nicolas Sarkozy, a milité pour son ascension. En 2002, il l'accueillait dans son cabinet en qualité de conseiller technique pour la sécurité intérieure. À l'instar des autres services, la police, la DST, les renseignements généraux et l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), le rôle de la gendarmerie dans la sécurisation du territoire est renforcé. Les attentats de Madrid, puis ceux de Londres ont conduit à une mobilisation tous azimuts. Traquer les terroristes là où ils sont, y compris en dehors des frontières, est la mission assignée par M. Sarkozy à ses troupes. Et c'est en cela, en grande partie, que s'inscrit le déplacement du général Parayre en Algérie. Dans un communiqué très lapidaire, rendu public hier par l'institution d'Ahmed Bousteïla, il est indiqué que les pourparlers porteront sur “la lutte contre la criminalité organisée et le banditisme, la sécurité routière et surtout la maîtrise des nouvelles technologies”. À ce titre, la Gendarmerie française est sollicitée pour “transférer son savoir-faire et son expertise légale”. Cet appui à la modernisation se traduit par la formation de nos brigadiers et la mise à leur disposition d'outils technologiques, dans le cadre de la prévention de la cybercriminalité ainsi que l'aide à la mise en place du laboratoire criminel de contrôle et d'analyse criminelle (un clone du centre français). En contrepartie, le général d'armée Parayre entend bien intensifier les échanges en matière d'information sécuritaire. “Avant, ils faisaient de la rétention d'information, maintenant, ce sont eux qui viennent la chercher”, épilogue notre source. La nécessité de travailler ensemble se traduit également dans la guerre contre le trafic de drogue. Le système dit des “livraisons autorisées” et visant à remonter les filières des trafiquants grâce à la surveillance des circuits de transfert, à travers la Méditerranée, est en phase d'être appliqué par les services de gendarmerie des deux rives. Enfin, et en matière de sécurité routière, la Gendarmerie française est appelée à contribution, notamment dans l'aménagement des postes de contrôle dans le projet de l'autoroute est-ouest. Il est à noter que la visite du général Parayre intervient une semaine après celle de son homologue, Jorg Ziercke, patron de l'Office fédéral de la police criminelle allemande (BKA). Samia Lokmane