Le président vénézuélien, Hugo Chavez Frias, est arrivé, hier à Alger, en provenance de Londres, pour une visite de deux jours. Une visite qui suit de près celle de M. Bedjaoui à Caracas. Notons que c'est la troisième visite du leader de la République bolivarienne après celles d'août 2000 et d'octobre 2001. De quoi vont parler les deux dirigeants, deux parmi les plus grosses pointures de l'Opep ? Il faut croire que le dossier énergétique sera au cœur des discussions, même si les autres questions internationales (situation en Irak et en Palestine, dossier du Sahara occidental et autres sujets de l'heure) ne seront pas en reste dans l'agenda de ces discussions. Le journal économique français La Tribune, dans son édition du 11 mai dernier, évoquant cette visite de Chavez en Algérie, n'excluait pas de voir le chef d'Etat vénézuélien relancer l'Algérie sur son idée d'une “Opep du gaz”. “Le sujet sera abordé à Alger lors de la visite du président vénézuélien Hugo Chavez”, affirme le journal français. Un projet qui est pourtant loin de faire l'unanimité parmi les pays producteurs et exportateurs de gaz qui y voient un concept difficile à mettre en pratique vu la “rigidité” du marché du gaz. Quoi qu'il en soit, les relations entre les deux pays sont qualifiées d'“excellentes” (rappelons le soutien de l'Algérie à Chavez lors de la grève générale qui avait paralysé le Venezuela plusieurs mois durant en 2003 sous la poussée d'une opposition de droite soutenue par la CIA). Notons que dès 2002, il avait été procédé à la réactivation de la commission mixte algéro-vénézuélienne sur la base de l'accord de partenariat conclu en 1985. En outre, Alger et Caracas, qui partagent pratiquement les mêmes positions stratégiques au sein de l'Opep, entendent développer un partenariat énergétique à travers notamment des projets d'exploitation menés par la Sonatrach en terre bolivarienne. Hors hydrocarbures, de belles perspectives se profilent là aussi. Deux accords, portant sur le transport maritime et les échanges entre instituts diplomatiques, seront signés, a annoncé Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires africaines. Il est à signaler que l'escale de Chavez à Alger entre dans le cadre d'une véritable offensive diplomatique menée par “El Commandante” comme on l'appelle. Une tournée qui l'a conduit au Vatican, à Vienne et à Londres, avant de la clore demain à Tripoli. Que cherche au juste Chavez à travers cette tournée qui croise, par ailleurs, celle de son ami, le Bolivien Evo Morales ? Difficile de ne pas y voir comme une “campagne marketing” en faveur de sa politique “néo-guévariste” en Amérique latine. Adel Zeghier, un député à l'Assemblée vénézuélienne d'origine syrienne proche de Chavez, que nous avons rencontré à l'occasion du 16e Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui s'est tenu l'été dernier à Caracas, développait toute une thèse sur l'instrumentalisation de l'arme énergétique en faveur des peuples du Sud, et ce, dans un contexte où le prix du pétrole caracole au sommet des valeurs boursières. “Il est temps d'intégrer le droit à l'énergie comme un des droits humains. Il est scandaleux que 10% de l'humanité, en l'occurrence les pays industrialisés, consomment 90% des ressources énergétiques de la planète”, s'indignait-il, avant de marteler : “La guerre avec l'impérialisme est et restera d'essence économique, et c'est sur ce terrain-là que le Venezuela va peser dans la refonte des rapports de force entre le Nord et le Sud. Nous disposons de 370 000 milliards de barils de réserve, soit 100 000 milliards de plus que l'Arabie Saoudite.” Mustapha Benfodil