La porte-parole du Parti des travailleurs (PT) accuse les ministres du président Bouteflika de travailler pour “des intérêts étrangers”. Elle l'a fait, hier, lors d'une conférence de presse qu'elle a animée au siège de son parti à Belfort. Sans user de détour, Louisa Hanoune, qui cite nommément les ministres en question, à savoir Chakib Khelil, Abdelhamid Temmar et Nourdine Boukrouh, mais sans leur attribuer le qualificatif de “ministres du Président”, leur reproche de “mettre en place les ingrédients d'une guerre en Algérie”. Ses arguments : ces membres du gouvernement mènent “une véritable guerre contre le secteur public, les emplois et l'organisation syndicale nationale”, en préconisant une politique de “privatisation sauvage” touchant même les entreprises viables. L'intervenante, qui souligne que le trio des ministres exprime des velléités de “tout vendre aux multinationales”, souligne que ces derniers “agissent de leur propre chef et ne sont contrôlés par personne". “Ils ne rendent pas compte à l'Algérie, mais aux Etats-Unis”, ajoute-t-elle. Evoquant l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, elle dira qu'il “est censé avoir été retiré, mais il ne l'est pas pour Chakib Khelil”. La conférencière, qui divulguera que “Chakib Khelil a fait un voyage aux USA pour demander un prêt auprès de banques pour Sonatrach”, s'interrogera sur un ton ironique “si Sonatrach est déficitaire”. S'exprimant en outre sur la grève générale à laquelle a appelé l'UGTA pour les 25 et 26 février prochain, l'intervenante déclare le soutien de son parti au débrayage. Rappelant par ailleurs les conditions du déroulement du rassemblement qu'a organisé son parti le dimanche dernier à la place du 1er-Mai en guise de soutien au peuple irakien, Mme Hanoune, qui a relevé “l'absence de répression”, dénonce dans le même temps la non-autorisation des marches à Alger. “Il faut, dira-t-elle, se réapproprier le droit de marcher dans la capitale.” Evoquant dans ce cadre le communiqué du ministère de l'Intérieur notifiant l'interdiction des marches à Alger, l'intervenante dira qu'il “est inacceptable qu'un communiqué du département de Zerhouni vienne annuler les dispositions de la Constitution permettant la libre expression dans notre pays”. Elle enchaînera en interpellant l'ensemble de la classe politique sur l'impératif de “l'ouverture d'un débat sur la situation du pays et de toutes les régressions qu'il connaît depuis douze ans”. Evoquant, en outre, le mutisme de l'Algérie officielle vis-à-vis de la guerre contre l'Irak, Louisa Hanoune interpelle le président Bouteflika. “Nous voulons qu'il se positionne clairement”, dira-t-elle. A cet égard, la conférencière assène : “Le silence officiel n'est pas en notre nom." Avant d'ajouter : “Nous n'avons pas mandaté les officiels pour se taire.” Aussi et dans le cas où le silence officiel perdure sur la question de l'Irak, cela signifierait qu'“ils ne veulent pas déplaire à Bush et à Blair”. N. M. Guerre contre l'Irak : le PT et le CCDR se mobilisent Le PT et le CCDR ne comptent pas observer la position de spectateurs au moment où la mobilisation mondiale s'amplifie contre la guerre en Irak. Si dans ce cadre le PT appelle à un rassemblement jeudi prochain, à la place du 1er-Mai, le CCDR, quant à lui, lance une pétition. Dans cette dernière, il est expressément demandé aux Algériens de “rejoindre les rangs de la protestation mondiale” contre la guerre en Irak. Cette pétition, dans laquelle figurent les membres du CCDR, des fonctionnaires et de simples citoyens, a déjà recueilli une cinquantaine de signatures.