Le Parti des travailleurs est en état d'alerte. C'est Louisa Hanoune qui l'a annoncé lors d'une conférence de presse qu'elle a animée dimanche dernier au siège de la Mutuelle générale des travailleurs des matériaux de construction à Zéralda. La secrétaire générale du Parti des travailleurs n'a pas caché ses appréhensions. Cet état d'alerte est motivé, selon la conférencière, par une multitude de facteurs et d'éléments qui occupent la scène nationale. Pendant trois jours, le conseil national du PT a débattu de la situation nationale et internationale. Pendant trois jours, les cinq commissions permanentes du parti ont, chacune en ce qui la concerne, fait le bilan. Mais ce qui a le plus retenu l'attention des cadres du parti dirigé par Mme Hanoune, ce sont les pressions qu'on tente d'exercer sur notre pays pour qu'il revoie à la baisse les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire pour 2009 et qui sont, bien entendu, en faveur de la protection de l'économie nationale. Mais le PT n'en démord pas et il se déclare en permanente mobilisation pour défendre cette loi, même s'il juge qu'elle reste pour certaines de ses dispositions insuffisante. Entre autres, en faisant des propositions pour la prochaine LFC pour 2010, pour peu qu'elle ne soit pas promulguée en ordonnance. Les pressions pour la remise en cause de la loi de finances complémentaire ne sont pas exercées uniquement par les étrangers, mais aussi par leurs relais en Algérie. Louisa Hanoune parlera même de responsables dans les hautes sphères de l'Etat. «Sinon, comment expliquer que le FCE [Forum des chefs d'entreprise, NDLR] fassent ce genre de déclarations» qui vont à l'encontre de l'intérêt économique. Lors de son intervention de clôture, précédant la conférence de presse, la porte-parole du PT est longuement revenue sur les travaux des cinq commissions et des remarques relevées par les cadres du parti dans leurs wilayas respectives. Ainsi, la commission de l'agriculture a relevé des contradictions entre les discours et la réalité du terrain, à l'image des aides aux agriculteurs qui tardent à arriver pour nombre d'entre eux. Avec leur secrétaire générale, les membres de cette commission ont conclu à la nécessité absolue de restituer les terres agricoles «bétonnéisées». «Les lois existent, l'Etat doit récupérer toutes les terres, y compris celles sur lesquelles des constructions ont été érigées.» Dès lors qu'il compte parmi ses membres des syndicalistes, le PT entretient des relations permanentes avec les travailleurs. C'est d'ailleurs sa vocation, diront d'aucuns. Mais plus que cela, il semblerait que le parti de Mme Hanoune est entré de plain-pied dans les luttes syndicales aux côtés des travailleurs. Ainsi, la conférencière indiquera que les militants syndicalistes du PT mènent campagne avec les travailleurs d'ArcelorMittal qui revendiquent la renationalisation de l'un des fleurons de l'industrie algérienne. Et dont le repreneur ne respecte aucune réglementation, selon l'oratrice. Idem pour «La Belle» et la cimenterie reprise par Lafarge. Pour cette dernière, dira la présidente du groupe parlementaire du PT, «ce sont les syndicalistes qui nous ont informés qu'Orascom a vendu la cimenterie à Lafarge sans aucune régularisation des documents. Le repreneur compte le faire le 22 et le 23 juin». Cela ressemblerait, si l'on en croit Louisa Hanoune, à une autre supercherie à l'encontre de l'Etat algérien. «Ils n'ont pas régularisé les documents pour continuer à bénéficier des exonérations des impôts et des autres avantages liés aux investissements.» Mieux, Lafarge est en train de casser l'économie algérienne. La conférencière en veut pour preuve que la cimenterie ne produit plus que 12 000 tonnes de ciment par jour alors qu'elle en produisait 19 000. «C'est une manière de retarder les programmes de construction en cours et de maintenir l'Algérie dans une situation de dépendance en recourant tout le temps à l'importation.» Aussi préconise-t-elle l'application de la disposition de la LFC pour 2009 relative au droit de préemption pour l'Etat algérien. Cela, même si la loi n'est pas rétroactive. «Nous allons nous battre pour qu'elle le devienne.» A propos du plan quinquennal, elle a déploré l'absence de débats, notamment en ce qui concerne la politique de l'emploi. Sur ce point, Mme Hanoune attire l'attention sur la précarité de l'emploi, à travers les contrats à durée déterminée qui compromettent même jusqu'à l'existence des syndicats. A propos du remaniement ministériel, elle dira qu'elle ne fait pas de commentaire parce que «nous ne connaissons pas les considérants ayant mené à ce remaniement». «Si Chakib Khelil est parti à cause du scandale de Sonatrach, il n'y a pas que son secteur qui est touché par le phénomène de la corruption.» Par contre, elle ne s'explique pas le maintien de Temmar. «Un ministre qui ne connaît même pas l'état de l'économie du pays, incapable de savoir où se trouve telle ou telle entreprise, est nommé à la tête de la prospective.» Mme Hanoune dira ne pas comprendre que ceux qui partent ne rendent pas compte de leur gestion. «C'est un gouvernement de non-responsabilité.» Ce sont autant de questionnements exprimés par le PT. Enfin, sur la dernière réunion relative à l'accord d'association avec l'Union européenne, elle répétera que son parti n'est pas satisfait. Et que de toutes les façons cet accord est en totale contradiction avec la LFC pour 2009. Elle appellera de nouveau à une réforme politique radicale. Rappelons que le Parti des travailleurs fêtera son vingtième anniversaire cette année. A cette occasion, Louisa Hanoune animera un meeting jeudi prochain à Oran et un deuxième le lendemain à Alger. F. A.