L'actualité politique nationale et internationale a été passée au crible hier par Louiza Hanoune, la porte-parole du parti des travailleurs (PT), lors d'une conférence de presse qu'elle a animée au siège national de sa formation à Belfort. Abordant la situation politique nationale, Louisa Hanoune l'a qualifiée de “paradoxale et d'extraordinairement confuse”. “Nous avons encore au sein du gouvernement des ministres qui travaillent dans un sens et d'autres qui travaillent dans un sens contraire et qui prennent des décisions néfastes pour le pays”, a-t-elle dénoncé d'entrée avant de citer nommément les deux ministres qu'elle accable, en l'occurrence, Chakib Khelil, le ministre de l'énergie et des mines, et Hamid Temmar qu'elle présente comme “dangereux pour le pays”. Commençant par vilipender le ministre de l'énergie et des mines, la première femme du PT notera que “d'un côté, il y a la renationalisation des hydrocarbures, la libéralisation de l'Etat vis-à-vis du FMI et le retour de la gendarmerie en Kabylie pour marquer la permanence de la République, et, de l'autre, il y a des positions de Chakib Khelil qui vont à contresens de cette orientation générale en regrettant la loi sur les hydrocarbures”. “Chakib Khelil n'est pas heureux pour cette loi parce que c'est lui qui l'a faite !” assène-t-elle. Les propos de Khelil lors de sa rencontre, mercredi dernier, avec les représentants des compagnies pétrolières activant en Algérie ont visiblement déplu à la conférencière. Surtout lorsque le patron du secteur de l'énergie a déclaré que “c'est grâce à l'apport de ces compagnies pétrolières que nous avons une bonne santé financière puisque 50% de la production pétrolière viennent des contrats d'association”. “Il est clair que ce sont les multinationales qui contrôlent Khelil”, dit-elle, tout en soutenant que “Sonatrach est en danger”, compte tenu de l'attitude du ministre. Et de s'interroger : “Pourquoi ce ministre, malgré les scandales liés à Condor, malgré les facilités qu'il accorde aux multinationales et les interrogations sur les raisons de l'amendement à la loi sur les hydrocarbures est encore au gouvernement ?” Même attaque en règle contre Hamid Temmar en qualifiant la politique suivie par ce dernier de “catastrophique”. Elle accuse le département de Temmar de “manipuler les chiffres”. Alors que le gouvernement parle d'une stratégie industrielle, le ministre semble n'en faire qu'à sa tête, dit-elle. Toutefois, le summum de la colère de l'oratrice est en rapport avec les propos tenus par Temmar face aux hommes d'affaires canadiens. “Temmar a dit que celui qui veut se marier avec nous, il aura toutes les facilités possibles et il peut en 24 heures faire des affaires”, relève-t-elle en considérant ces propos comme “une insulte pour la république”. “Rien ne justifie cette attitude car nous avons de l'argent”, dit-elle en s'adressant aux “décideurs”. Hanoune notera : “Nous applaudirons le départ de Temmar et de Khelil du gouvernement !” Par ailleurs, tout en revendiquant un débat sur la privatisation, la conférencière avertit le gouvernement quant aux conséquences de l'ouverture de la banque de développement local (BDL) aux étrangers. “ce sont les étrangers qui décideront de la priorité des projets”, argue-t-elle. Mme Hanoune appellera, en outre, à l'assainissement du climat politique et social à la veille des prochaines élections. Par ailleurs, Louisa Hanoune a souligné la participation algérienne “très diversifiée” à la conférence internationale en soutien aux femmes palestiniennes, prévue en décembre prochain en Algérie. Pour cela, elle démontre “l'existence d'un consensus national autour de la question palestinienne”. NADIA MELLAL