Pour une rentrée politique, la porte-parole du Parti des travailleurs a poussé, hier, lors d'une conférence de presse, un coup de gueule contre la démarche du gouvernement et ses implications. Un coup de gueule qui en dit long sur sa frustration de voir le “rouleau compresseur” des réformes économiques resurgir avec son cortège de mesures antisociales. “Non ! les Algériens n'ont pas voté le 8 avril dernier pour une telle orientation économique”, s'est écriée la pasionaria, hier, lors d'une conférence de presse qu'elle a animée au siège de son parti à Alger. La responsable du PT croit déceler un plan du gouvernement visant à terme la décomposition du pays. Comme à son habitude, Louisa Hanoune ne lésine pas sur les adjectifs pour décrire le “paradoxe” algérien. “Décomposition, désintégration, régionalisation, dénationalisation, privatisation, évangélisation, dépermanisation” sont autant de sombres qualificatifs à l'aide desquels Mme Hanoune s'est lancée dans un long réquisitoire contre la gestion des affaires publiques depuis la réélection de Bouteflika. Sans l'accuser nommément, elle dissèque point par point les “visées” politiques, les implications économiques et les répercussions sociales du programme de réformes mis en branle par le gouvernement du président Bouteflika. “Quand on entend Chakib Khalil dire que le projet de loi sur les hydrocarbures sera soumis à nouveau à l'approbation de l'APN, il y a lieu de craindre le pire !” prévient Louisa Hanoune. Pour elle, il y a un fil conducteur dans la démarche du gouvernement qui consiste à imposer des réformes rejetées au demeurant par les travailleurs et les partenaires sociaux, pour consacrer de nouvelles règles de gestion. Ce “modèle” fait de privatisations et de bradage du patrimoine national, la première responsable du Parti des travailleurs le rejette. Elle promet même de combattre avec une grande mobilisation ses troupes pour sensibiliser les citoyens sur le “danger” d'une telle politique. Louisa Hanoune en veut pour preuve la volonté du gouvernement de transformer les logements sociaux en résidences universitaires “au moment où les émeutes du logement éclatent un peu partout”. Elle croit également déceler à travers le projet de réformes de la santé et de la Fonction publique une velléité du gouvernement d'aller vers la régionalisation-désintégration, conformément aux conclusions de la commission Sbih. “Ils veulent consacrer la contractualisation comme un mode de recrutement dans la Fonction publique ; et même le DG des douanes ne serait pas permanent en vertu de ce projet”, assène Louisa Hanoune pour qui, les suicides, les hold-up, les braquages “traduisent cette impasse qui nourrit le désespoir”. Elle ajoute une pièce au puzzle algérien déjà bien compliqué qu'est cette campagne d'évangélisation appuyée par des opuscules ciblant essentiellement la Kabylie. “Je me demande comment le gouvernement est incapable de produire un manuel scolaire pour tamazight, alors que des fascicules de l'Evangile circulent librement !” Sèche, Mme Hanoune accuse ceux qui font une fixation sur cette région sensible pour accélérer “le processus de désintégration”. Et pour boucler la boucle, la conférencière évoque la remise au goût du jour du projet de loi sur les hydrocarbures avancé par le ministre et confirmé selon elle par le Chef du gouvernement. “Une telle orientation est dangereuse et porteuse de l'irrémédiable ; les Algériens n'ont pas voté pour ça !” tranche-t-elle. Et à Louisa Hanoune de convoquer l'histoire pour battre en brèche les errements du présent et faire en sorte de ne pas hypothéquer l'avenir. “À la veille de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution, il est de notre devoir d'honorer la mémoire de nos aînés par la défense des acquis de l'indépendance et défendre la République”. Comment ? Louisa Hanoune annonce une large campagne de sensibilisation qui sera lancée prochainement. H. M.