Nous avons tout intérêt à investir le marché de l'image si nous tenons à avoir notre mot à dire dans cette “guerre des contenus”. L'Algérie est un pays qui ne manque ni de capitaux, ni d'imagination, ni de créatifs, pour gagner un tel pari. Des studios de Doha, de Beyrouth, de Dubaï, du Caire et autres régies du Machrek, nos foyers sont quotidiennement bombardés par un flot ininterrompu d'images diffusées par un bouquet de quelque 250 chaînes satellitaires arabes, décoiffant d'une façon vertigineuse les TF1, France 2, M6 et autres Canal + qui avaient une domination sans partage sur le marché de l'image au Maghreb. Il ne serait pas indifférent de s'interroger sur le secret de la popularité des MBC, LBC, Nile TV, Futur TV, Iqra' et autres Rotana. Une gamme de programmes allant des prêches du très médiatique Amro Khaled aux clips sulfureux de Nancy Agram, en passant par les émissions de télé-réalité et autres talk-shows à la sauce “people”, voilà la recette. Un savant dosage entre des référents socioculturels communs et des ingrédients techniques alliant professionnalisme, agressivité, sensationnel, habillage attrayant et présentatrices “in”, le tout servi par un bon “coaching” de “spins docteurs” rompus aux standards de l'industrie audiovisuelle. Il faut relever aussi que la liberté de ton et l'opportunité d'avoir droit à un débat contradictoire sur toute question de l'agenda politique, offertes par ces nouveaux espaces d'expression, contrastent totalement avec la “pénurie” de démocratie dans les sociétés arabes. Voilà qui nous amène à méditer l'état désastreux de notre paysage audiovisuel national. Il nous paraît urgent, en l'occurrence, de libérer l'initiative dans le champ de la création audiovisuelle. Des pays réputés autocratiques comme la Tunisie ou le Maroc se targuent d'avoir des chaînes de télévision privées. La Syrie est devenue en quelques années l'un des plus gros producteurs et exportateurs arabes de fiction, et elle est même en passe de déclasser l'Egypte. Nous avons tout intérêt à investir le marché de l'image si nous tenons à avoir notre mot à dire dans cette “guerre des contenus”. L'Algérie est un pays qui ne manque ni de capitaux, ni d'imagination, ni de créatifs, pour gagner un tel pari. Dire que nous avons réussi à exporter des présentateurs qui font aujourd'hui le bonheur de ces mêmes chaînes dont nos publics raffolent ! Rien ne justifie cette indigence médiatique qui nous oblige à importer jusqu'aux clips de nos propres stars... M. B.