Pour le P-DG de Cevital , M. Issad Rebrab, une seule filière dans l'agriculture peut rapporter à l'Algérie davantage de devises que les hydrocarbures, pour peu que l'Etat joue son rôle de promotion des investissements privés. L'investissement en Algérie a été, hier, au centre d'une table ronde organisée par le Forum du quotidien El Moudjahid, animée notamment par le directeur général de l'Andi, le P-DG de Cevital et le patron de l'établissement Siad. Le directeur général de l'Andi, M. Baghdadli, affirme que plus de 2 225 projets d'investissement ont été enregistrés en 2005, pour un montant de 512 milliards de dinars. 84 projets impliquent des étrangers pour un montant de 113 milliards de dinars. Pour 2006, le directeur général de l'Andi parle de 18 grands projets évalués à 6,5 milliards de dollars. Mais, au-delà des chiffres M. Baghdadli, s'appuyant sur le nombre de petite et moyenne entreprises créées par rapport au nombre d'habitants, souligne que le taux entrepreunarial en Algérie est faible. Pour promouvoir l'investissement dans un pays, explique le patron de Cevital, M. Rebrab, deux acteurs, à savoir l'Etat et l'entreprise, doivent jouer chacun son rôle. La priorité d'un Etat est d'investir dans l'éducation. “Il s'agit de doter l'économie nationale de cadres compétents susceptibles de faire face aux exigences du développement”, précise-t-il. L'exemple de la Corée du Sud, cité par M. Rebrab, est particulièrement instructif. Ce pays, sans ressources naturelles, a réussi à faire passer son PNB par habitant de 100 dollars en 1960 à 12 000 dollars en 2004, et ce, grâce à un investissement massif et de qualité dans l'éducation. L'entreprise Samsung, à elle seule, réalise un chiffre d'affaires de 135 milliards de dollars, alors que le PNB de l'Algérie est estimé à 105 milliards de dollars. L'Etat doit aussi développer les infrastructures et l'aménagement du territoire. Il doit être un facilitateur en assurant la disponibilité du foncier, à des prix raisonnables, et une réglementation transparente et efficace. “L'investisseur ne cherche pas obligatoirement des avantages fiscaux, mais plutôt le respect de la réglementation”, souligne le patron de Cevital qui ajoute l'urgence de développer aussi les mécanismes financiers. Pour l'entreprise, M. Rebrab parle de la nécessité d'investir dans les secteurs porteurs et à forte valeur ajoutée, de l'élaboration au préalable d'une étude de marché, de choisir des équipements de dernière technologie qui permettent d'être concurrentiel sur le marché international tant au niveau de la qualité qu'au niveau du prix et d'investir dans la formation. Sur la même longueur d'onde, M. Amrani, consultant, plaide pour un Etat fort, compétent et compétitif. “Il faut aller vers l'excellence”, suggère-t-il, en mettant en place des technopôles. “Les universités algériennes sont invisibles dans le classement mondial”, regrette-t-il. Le directeur général de la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie fait remarquer que les entreprises algériennes, du moins celles qui sont membres de la chambre, sont très démunies d'information, d'appuis et d'accompagnement. Pour autant, tous les secteurs offrent des opportunités d'investissement, assure le patron de Cevital. Citant l'agriculture, M. Rebrab affirme qu'une seule filière “peut rapporter plus que ce que rapporte actuellement les hydrocarbures”. Les autres secteurs sont aussi demandeurs de développement, dans l'exploitation des ressources minières, le territoire national n'étant pas suffisamment exploré, dans les services, le plus grand pourvoyeur d'emplois, “tout est à faire dans la distribution”. C'est le cas aussi du secteur du tourisme. Prenant l'exemple de son entreprise, qui affiche une croissance de 50% en moyenne par an depuis sa première année d'exploitation, M. Rebrab est convaincu que l'Algérie peut connaître une croissance à deux chiffres pour peu qu'on libère l'initiative. M. R.