Madame la ministre de la Culture vient de décider d'une louable initiative. Elle décide de porter plainte contre l'offense faite au mausolée du grand roi numide Massinissa. Que faut-il relever de l'événement qui s'est fortement focalisé sur l'abandon du mausolée de Massinissa, situé au Khroub dans la wilaya de Constantine ? Il a fallu, pour dévoiler la situation, une visite présidentielle. On s'est précipité à “lustrer” le lieu de passage des officiels quitte à défigurer et à offenser un haut lieu de notre histoire. Cela, dira-t-on, est une habitude qui s'est transformée en culture du rituel chez les autorités locales. En fait de sujet, c'est particulièrement les propos des citoyens tenus sur le vif et rapportés par la presse qui retiennent l'attention. Cela nous montre à quel point la méconnaissance de notre histoire est un moindre mal à côté de l'indolence faite justement à l'endroit des hauts lieux de cette histoire combien millénaire. Pour certain de nos citoyens, le mausolée abrite un wali, un devin enfoui dans un étrange amas de pierres, et pour d'autres, il représente une tombe de quelqu'un qui n'était pas musulman. Bien sûr que les citoyens ne sont pas responsables de leurs réactions. Elles sont le produit et le reflet d'un long processus de reniement et de troncation de l'enseignement de l'histoire officielle qui vient d'essuyer un cinglant échec dans ce qu'elle a transmis de volontariste et de falsifié. L'enseignement de l'histoire est le plus sacré des savoirs à communiquer et à léguer car il détermine l'avenir. Mais peu s'en faut que notre avenir soit une préoccupation majeure ou une préoccupation tout court. Voilà où nous en sommes maintenant. Nous ressemblons à un pendule d'une horloge désorientée par le temps qu'elle ne donne plus et les aventures hasardeuses. Ce pendule ne cesse de faire un va-et-vient infertile entre toutes les transformations qui désormais sont notre lot et notre quotidien pesant et désespérant. Nous nous posons la question de savoir comment un monument d'une hauteur d'un bâtiment de quatre étages et à vue de route a pu passer inaperçu durant plus de cinquante années d'indépendance ? Si la position rassurante de madame la ministre de la Culture, quant à la restauration scientifique et urgente des lieux, est à saluer, rien ne justifie que cette institution culturelle soit restée de marbre durant des dizaines d'années à observer la lente et agonisante dégradation du mausolée de Massinissa. Il eut fallu pour cela une forte dose de renoncement de notre passé. Quant à la conscience... A. A.