A l'instar du premier, le deuxième jour de la visite présidentielle à Constantine a été laborieux en matière d'inaugurations et de poses de premières pierres. Deux choses importantes à relever : la première, c'est quand Bouteflika s'est enquis si la cimenterie de Hama Bouziane ne pollue pas la région, n'étant pas équipée de filtres et ayant des effets néfastes notamment sur la santé des habitants et sur l'agriculture, qu'il s'est demandé à haute voix quel département doit s'en occuper et qu'il n'a pas trouvé de réponse convaincante. Mais la seconde chose, qui est le clou du deuxième jour de la visite, aura été sans conteste la crise de colère piquée par Mme Khalida Toumi au niveau du mausolée de Massinissa. Lors de la visite hier de ce haut lieu, après la présentation du projet du village numide et de la première tranche des travaux d'aménagement du site, le Président dira avec une pointe de colère dans ses propos : « Depuis 1999, le sujet est ouvert. Ce village, nous allons le bâtir. Vous avez les enveloppes, pourquoi parler de 1re, 2e ou 20e tranche ? J'ai une vision globale, j'ai un temps pour commencer et un temps pour finir. Ce village, je veux le voir fini. Un parc d'attractions, un centre hippique... Pourquoi ? On veut faire des trucs pharaoniques ! On veut juste faire des trucs comme ailleurs. » Il est quand même bizarre de remarquer que c'est non pas le directeur de la culture, mais le DUC qui avait présenté le projet du village numide à M. Bouteflika. Et il faut aussi souligner le fait que Mme Toumi se tenait à l'écart, comme si la chose ne relevait pas de ses prérogatives. Questionnée par les journalistes, elle lancera avec force : « Je vais saisir la justice contre le wali et le directeur de l'urbanisme pour les propos mensongers tenus au Président. » Mensongers ? « On a dit qu'on réalise le projet avec la collaboration des services de la culture, alors que c'est faux. Le travail s'effectue sans l'autorisation de l'Agence nationale d'archéologie et du ministère. Il s'agit d'un site classé patrimoine national et inscrit sur la liste additive de l'Unesco pour être classé patrimoine mondial. » Apparemment, Mme Khalida Toumi n'est pas en odeur de sainteté auprès du Président, il ne l'a pas sollicitée quand il s'est agi du domaine culturel, notamment du projet du village numide et de la réhabilitation du mausolée de Massinissa. Elle faisait les cent pas pendant qu'on discutait du sort d'un pan important du patrimoine national. Serait-il vrai que le wali ait le feu vert du Président de décider ce qu'il veut. Il faut quand même relever la question suivante : pourquoi Mme Khalida Toumi, qui semble si soucieuse du mausolée de Massinissa, n'en a pas fait autant pour le théâtre de Timgad, pour la ville antique de Thamugadi, puisque l'on continue à y organiser le festival et à y semer la pagaille ? Selon un cadre de la Présidence, le ministère de la Culture aurait reçu, il y a huit mois, plusieurs correspondances émanant de la wilaya de Constantine au sujet de la réalisation du village numide, qui seraient restées lettre morte.