L'ex-patron des services français, le général Philippe Rondot, protagoniste-clef de l'affaire Clearstream, qui a révélé la face cachée du système politique dans le pays de la démocratie et des droits de l'homme, a été conduit de force au tribunal de Paris où il devait être entendu par les juges chargés du dossier. Le militaire n'a pas opposé de résistance lorsque les policiers ont sonné à la porte de son immeuble de Meudon, en région parisienne et, selon son avocat, il aurait refusé de répondre aux questions des magistrats. Le général, qui avait été conseiller de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, une fidèle de Jacques Chirac, après avoir remis les clefs de la “piscine”, le bunker des services spéciaux français, a décidé de ne pas ouvrir sa bouche parce que les juges lui refusent le droit d'avoir accès au dossier que toutes les parties ont dans n'importe quelle instruction. Selon son avocat, Philippe Rondot souhaite retrouver ses notes qu'il n'a pas lues depuis deux ans et demi, refaire la chronologie pour assumer ses responsabilités. Le mandat d'amener a été délivré par les juges chargés de l'enquête pour “dénonciation calomnieuse sur les listings falsifiés de la société financière luxembourgeoise Clearstream”. L'ex-général avait mené une enquête officieuse en 2004 sur ces listes qui semblaient compromettre près de 900 personnalités, dont Nicolas Sarkozy le bouillonnant numéro deux du gouvernement français et candidat à la succession de Jacques Chirac. L'affaire Clearstream a pris l'allure d'un véritable feuilleton sur un système dont la face cachée révèle des pratiques et des mœurs dignes du plus abject régime bananier. L'interrogatoire de Philippe Rondot s'est déroulé en l'absence de son avocat à qui les juges ont refusé même le statut de témoin assisté ! Lors d'un premier interrogatoire, le 28 mars, l'ex-général avait expliqué le rôle de Dominique de Villepin, le Premier ministre à qui Jacques Chirac souhaitait passer le témoin. Il avait également évoqué en des termes ambigus l'existence d'un compte bancaire du locataire de l'Elysée. Par la suite, Philippe Rondot est revenu sur la mise en cause de Jacques Chirac et de son Premier ministre ! D. B.